• « Mais moi, je vous dis: Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent. » - Évangile de Jésus-Christ selon saint Mathieu, 5:44.

    Avec le Diocèse de Rouen nous portons dans la prière les victimes de la prise d’otage de ce matin, ainsi que toutes les personnes touchées par la violence et l'horreur.

    Marie-Aude

    26/07/2016 : prise d'otages de Saint Etienne du Rouvray

     

    Un mot du Père Jacques Hamel dans le bulletin paroissial sorti au Mois de Juin pour décrire sa vision des vacances et de la fraternité.

    26/07/2016 : prise d'otages de Saint Etienne du Rouvray


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  • Le cardinal Parolin exprime la préoccupation du Vatican (source Zenit.org)

    Le cardinal Pietro Parolin - Mazur/catholicnews.org.uk

    Le cardinal Pietro Parolin - Mazur/catholicnews.org.uk

    « Espérons que la sagesse et l’humanité prévalent et aident les personnes à chercher et à trouver les solutions justes ». C’est ce qu’a souhaité le cardinal Pietro Parolin, évoquant le 21 juillet 2016 la situation de la Turquie, sur Radio Vatican.

    Six jours après la tentative de coup d’état qui a fait plus de 300 morts et a conduit à l’arrestation de 55 000 Turcs par le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan, le secrétaire d’Etat du Saint-Siège a exprimé sa préoccupation : « Ces événements ne sont pas positifs et sont source de préoccupation pour tous. La tension est en train d’augmenter dans le monde et les tensions ne sont pas une bonne condition préalable pour affronter et résoudre les problèmes. »

    Déjà deux jours plus tôt, le « numéro 2 » du Saint-Siège avait formulé le voeu « que la situation actuelle puisse être affrontée et résolue selon les critères des droits humains et de l’État de droit ». Dans les conflits, avait-il ajouté, « l’unique solution possible est une solution négociée, politique ».


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  • Le principe du terrorisme, c'est de diffuser la peur par tous les moyens. Le principe du christianisme, c'est d'espérer malgré tout.

    14 juillet 2016 - Nice

    Pensons demain, dans une semaine ou un mois aux soutiens reçus suite à l'attentat de Nice et ayons la même compassion quand cela ne touche pas notre pays ...

    Et parce que beaucoup de nous ont dans leur entourage proche des (petits) enfants, sachons les aider à lutter contre la peur, à l'aid des balises proposées en novembre 2015 par le site des acteurs de la pastorale des jeunes et des vocations (sur lequel vous pourrez trouver pour aller plus loin des liens vers d'autres ressources).

    1/ Respecter

    Parce que la vie est sacrée, il est nécessaire de respecter ceux qui viennent de la perdre. Ici bien sûr en France parce qu’ils nous sont proches. Mais aussi là bas, en Syrie, en Irak, au Liban, sur le continent africain, en Méditerranée, sur tous les lieux de conflits. Se recueillir, faire silence, déposer une fleur, écrire un message de condoléance, participer à un temps de prière, demander une intention de messe. Rien n’est de trop pour reprendre conscience du don précieux qu’est la vie, de sa beauté comme de sa fragilité.

    2/ Rassurer

    Quand les menaces se font plus pressantes, plus proches, nous avons un besoin légitime d’être rassurés dans notre quotidien. C’est le rôle des autorités civiles qui doivent prendre au plus vite les mesures appropriées de contrôle et de protection des populations. C’est notre devoir de citoyens de les respecter et de nous y soumettre. Quand chacun s’y met, tout le monde en bénéficie.

    A plus long terme, nous devons aussi nous rappeler que chacun est porteur de  capacités de résilience, de ressources intérieures dans lesquelles il peut puiser. Nous pouvons en sortir meilleurs et toujours plus solidaires les uns des autres.

    3/ Réfléchir

    Après avoir vu tant d’images, entendu tant de mots, il faut prendre du recul et analyser. L’escalade verbale et militaire ne pourra pas constituer la seule réponse. Chercher modestement à comprendre, lire des éclairages qui nous aideront à décrypter la situation, les causes…, tenter quelques explications dans le dialogue avec d’autres fait partie de notre responsabilité. Expliquer ne reviendra pas à relativiser, encore moins à justifier mais pourra aider à mieux se prémunir en faisant des choix porteurs d’avenir.

    4/ Agir

    Croire que quelque chose peut et doit changer, chacun à son niveau, c’est un acte de confiance. Dans la foi, les chrétiens se doivent de le poser. Sortir dans la rue, se rassembler pour manifester son attachement à la liberté et à la paix, s’engager dans un collectif, une association, aller vers l’autre, interpeller un élu, voter, donner de son temps gratuitement, vivre autrement plus proche de l’essentiel. Toute action qui s’origine dans une intention juste sera semence de vie.

    Marie-Aude

     


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  • Voici le texte de la conférence des evêques de France pour se préparer à l'échéance de 2017. Bonne lecture.

    Marie-Aude

    La France va vivre une année électorale importante avec l’élection présidentielle et les élections législatives. À la veille de ce qui doit être un authentique débat démocratique, nous souhaitons appeler nos concitoyens à tenir compte de certains enjeux qui nous paraissent engager notre avenir de façon déterminante. Nous le faisons à la lumière de nos convictions enracinées dans la tradition chrétienne et des textes publiés par le Pape François au cours des années écoulées.

    1.     Démocratie et société de violence

    La pratique démocratique établit des règles de débat qui permettent de confronter des convictions et de choisir pacifiquement entre différents projets de société. Quand la vie démocratique tombe dans le discrédit ou l’impuissance, les intérêts particuliers et les groupes de pression s’habituent à user de leurs moyens de contrainte pour forcer les responsables politiques à satisfaire leurs demandes. L’excès de lois trop circonstancielles émousse la force de la loi et le respect qui lui est dû. On s’efforce de dénier les procédures démocratiques pour obtenir par la contrainte, ou même la violence, ce que l’on n’a pas obtenu dans les urnes.

    Si nous voulons progresser dans les pratiques démocratiques, nous devons promouvoir l’exercice du droit de vote en développant dans la société un véritable débat qui échappe aux postures, aux « petites phrases » et aux ambitions personnelles.

    Le jeu médiatique, établi sur la mise en valeur excessive de la polémique et de la dénonciation, focalise l’attention générale sur des conflits de personnes ou des ambitions particulières en négligeant les convictions et les propositions argumentées. Il fait apparaître les projets et les candidats comme un jeu de rôles dans lesquels les enjeux ne sont présentés que comme des prétextes. Il ne favorise pas la confrontation pacifique, mais en développant la violence verbale, il contribue à développer une sorte d’hystérie de la vie publique.

    Pour favoriser un véritable débat national, la campagne électorale à venir devra éviter les risques de crispations identitaires tout en faisant droit au fait national : nos racines, notre culture, notre patrie avec son histoire, ses responsabilités et ses atouts, la place et l’importance du fait religieux et des religions.

    2.     Pour un projet de société

    Le débat démocratique n’est pas une fin en soi. Il est au service de la confrontation entre des opinions et des projets. Il doit donc être une occasion d’expliciter quel projet de société nous voulons soutenir et promouvoir. Trop souvent les critères mis en avant se limitent à envisager et exprimer les données économiques, comme si l’économie était le seul facteur de construction de la qualité de la vie humaine, personnelle et collective.

    L’être humain est plus qu’un élément du processus économique. Les progrès technologiques et économiques doivent être au service du bien de tous et non seulement du profit de quelques-uns. C’est donc vers une économie du partage que nous devons avancer, vers un partage plus équitable du travail et des fruits du travail.

    La qualité humaine d’une société se juge aussi à la manière dont elle traite les plus faibles de ses membres : ceux qui sont laissés au bord du chemin de la prospérité, personnes âgées, malades, personnes handicapées… Nous ne pouvons être indifférents à aucune victime de notre société. Nous sommes responsables du respect de toute vie de son commencement à sa fin.

     3.     Vers un pacte éducatif

    Ces progrès de la pratique démocratique vers une vie sociale paisible et plus fraternelle passent, nous le savons tous, par une meilleure qualité de l’éducation des jeunes. Cette amélioration toujours nécessaire repose sur la qualité de la scolarisation qui est trop souvent soumise à des réformes auxquelles on ne donne pas le temps de porter leurs fruits et sur lesquelles on ne fait que trop rarement une véritable évaluation. Mais surtout elle passe par une confiance à rétablir entre les familles et l’école.

    Pour le bien des enfants, c’est un véritable pacte éducatif qui doit unir les familles et l’école, non une concurrence, moins encore une méfiance. Toutes les dispositions législatives ou réglementaires qui affaiblissent la stabilité des familles et les moyens d’exercer leurs responsabilités ne peuvent jamais être compensées par une exigence incantatoire envers l’école. La marginalisation d’un nombre croissant de familles, les mesures qui brouillent la filiation, celles qui favorisent les divorces et l’éclatement des familles sont payées très cher par leurs premières victimes : les enfants. On ne peut pas espérer faire progresser la cohésion sociale en négligeant son tissu nourricier qui est la cohésion familiale. Les liens entre l’éclatement des familles, l’échec scolaire, la marginalisation des jeunes, parfois jusqu’à la délinquance, sont avérés, même si nous ne souhaitons pas le reconnaître. Les travaux du synode des évêques sur la famille, repris par le Pape François dans l’Exhortation Apostolique Amoris laetitia (La joie de l’amour), rappellent combien une famille unie est une ressource pour l’avenir et une espérance pour le bien de tous.

     4.     Solidarité

    Une société vivante ne peut pas être la simple addition d’intérêts ou d’accords particuliers. Elle repose nécessairement sur la recherche du bien commun et la mise en œuvre de moyens de solidarité efficace. C’est une des grandes responsabilités de l’État d’organiser cette solidarité, surtout dans les périodes de grandes difficultés économiques. Partager dans les périodes d’opulence peut paraître relativement indolore : il ne s’agit que de distribuer le superflu. Dans les périodes de restriction, il s’agit de partager en prenant sur le nécessaire.

    Dans notre société, l’écart entre ceux qui peuvent compter sur la sécurité et ceux qui sont plongés dans la précarité ne cesse de s’accroître. De plus en plus de nos concitoyens ne peuvent plus bénéficier du droit au travail. Il est illusoire de penser que des indemnités financières peuvent compenser cette carence. La fragilité de l’emploi suscite des crispations de la part de ceux qui jouissent d’un emploi garanti et d’avantages sociaux assurés. La défense des droits acquis se substitue à la volonté de partager et d’intégrer de nouveaux bénéficiaires. Les plus jeunes sont les premières victimes d’un système inégalitaire. Pourtant beaucoup d’entre eux attendent d’être appelés pour prendre leur place dans notre société.

    Alors que le dynamisme économique suppose des encouragements durables à l’initiative et à la prise de risque, l’État doit gérer positivement la tension entre un libéralisme sans contrôle et la sauvegarde des mécanismes de protection sociale (assurance maladie, retraite, chômage, etc.). Cet objectif doit nécessairement ressortir des projets soumis au vote des citoyens.

     5.     Migrants

    Dans une époque où les distances et les frontières s’effacent devant la mondialisation économique et culturelle, notre volonté de solidarité ne peut pas s’enfermer dans le cadre restreint de notre pays. Les événements dramatiques qui frappent les populations du Moyen-Orient ou d’Afrique jettent sur les routes et sur la mer des centaines de milliers de réfugiés, véritables naufragés humains. Quand la Jordanie et le Liban reçoivent des millions de réfugiés, comment notre pays pourrait-il reculer devant la perspective d’accueillir et d’intégrer quelques dizaines de milliers de ces victimes ?

    Mais plus largement que l’accueil des réfugiés, nous devons nous interroger sur la manière dont nous traitons des migrants arrivés dans notre pays depuis plusieurs années. Est-il aujourd’hui tolérable que des milliers d’hommes de femmes et d’enfants vivent sur notre territoire dans des conditions trop souvent inhumaines ?

    Une volonté d’intégration ne peut se réaliser sans accompagnement des ruptures culturelles. La seule recherche de solutions économiques est vouée à l’échec si rien n’est entrepris pour la promotion culturelle, promotion d’une culture enracinée, qui donne ou redonne le sens d’une vie collective nationale.

     6.     Europe

    Nous sommes bien conscients que la France, à elle seule, ne peut solutionner ces situations dramatiques. Nous ne pouvons contribuer à les soulager que dans le cadre de la solidarité européenne. D’une certaine façon, notre vieille Europe joue son avenir dans la manière dont elle réagit. Soit elle nourrit l’illusion de pouvoir barrer la route à toutes les misères pour protéger sa relative prospérité, soit elle s’engage courageusement dans des politiques d’accueil.

    L’accueil serait aussi une illusion s’il ne s’accompagnait pas de véritables programmes de soutien dans les pays d’origine des migrations : soutien économique et soutien politique pour lutter contre la misère endémique et les procédés antidémocratiques de certains gouvernants. Cette lutte doit suivre les engagements internationaux pris pour l’aide au développement et peut conduire à des interventions dans différents pays, comme la France l’a fait au cours des années écoulées.

    Mais le projet européen ne peut se poursuivre ni se développer sans une véritable adhésion des peuples d’Europe. Cette adhésion suppose de respecter davantage le fait historique et culturel des nations qui composent le continent. Une véritable pratique de la subsidiarité, telle qu’elle est inscrite dans ses textes fondateurs, serait une nouvelle chance pour l’Europe.

     7.     Ecologie

    Il y a à peine un an, la tenue en France de la Cop21, nous sensibilisait à notre responsabilité commune envers l’humanité. Le Pape François nous a rappelé gravement cette responsabilité dans l’encyclique Laudato si. L’enjeu écologique n’est pas simplement une vision naturaliste du monde, c’est une prise de conscience morale des risques de déséquilibre climatique et économique que court la planète. Responsables de la « maison commune », il nous faut mieux tenir compte des dégâts que provoque une société tout entière fondée sur l’augmentation de la consommation. Nous avons la charge d’un monde qui a ses limites et nous ne pouvons pas l’épuiser comme s’il était sans limites. La sagesse nous invite à revoir nos modèles de consommation et à inventer un monde moins destructeur et plus juste.

    Devant les défis auxquels notre société est confrontée, le risque principal serait de renoncer à lutter pour l’avenir et de céder à la tentation du fatalisme. Trop de nos concitoyens en sont arrivés à croire que la situation est bloquée et que personne n’est capable de la débloquer. Les ressources de notre pays, ressources économiques, humaines, culturelles et spirituelles nous permettent de rejeter ce fatalisme. Elles engagent chacun et chacune à exercer son discernement et sa responsabilité pour le bien de tous.

    Pour celles et ceux qui ont foi en Dieu et qui vivent dans la communion au Christ, les difficultés que nous rencontrons ne sont pas un appel au renoncement. Au contraire, elles nous acculent à investir toutes nos capacités pour construire une société plus juste et plus respectueuse de chacun. Cela s’appelle l’espérance.

    Le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France

    Mgr Georges PONTIER, Archevêque de Marseille, président de la CEF
    Mgr Pierre-Marie CARRÉ, Archevêque de Montpellier, vice-président de la CEF
    Mgr Pascal DELANNOY, Évêque de Saint-Denis, vice-président de la CEF
    Cardinal André VINGT-TROIS, Archevêque de Paris
    Mgr Jean-Claude BOULANGER, Évêque de Bayeux et Lisieux
    Mgr François FONLUPT, Évêque de Rodez
    Mgr Hubert HERBRETEAU, Évêque d’Agen
    Mgr Jean-Paul JAMES, Évêque de Nantes
    Mgr Stanislas LALANNE, Évêque de Pontoise
    Mgr Benoit RIVIÈRE, Évêque d’Autun, Chalon et Mâcon


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  • L'article sera un peu long aujourd'hui ... Parce que je tiens à vous partager une lettre d'Oscar sous la plume d'Eric-Emmanuel Schmitt et également l'analyse du franciscain fondateur des cercles de silences.

    Pardon Oscar de ne pas savoir comment (ré)agir
    Je partage ta lettre.
    C'est peu mais...
    Et je pense à toi, tes copains d'infortune,vos parents et soignants
    Le respect c'est important tu sais.
    Pense à nous petite étoile quand tu seras ailleurs, à la folie du monde. Marie-Aude

    Cher Président,

    Je m’appelle Oscar, j’ai dix ans, je vis à l’hôpital Necker, à Paris, et c’est la première fois que je t’écris parce que, jusque là, à cause de mes études et mon cancer, j’avais pas le temps.
    Je t’envoie cette lettre au sujet de mes parents. Ils ne vont pas bien et ça m’inquiète. Déjà que ma leucémie, ça leur avait coupé la chique et qu’ils ont mis vachement longtemps à me reparler normalement, mais maintenant ils paniquent ! Hier, des crétins ont attaqué l’hôpital, ils ont pété les vitres, ils ont tagué les murs, il y avait des débris partout, on aurait dit ma maquette du château de Cendrillon lorsque j’étais tombé dessus. Mes parents, ils ont peur, ils crient qu’on ne respecte plus rien, ni l’enfance, ni la maladie, qu’il n’y a plus rien de sacré, qu’ils s’angoissent davantage pour moi : je ne suis pas en bonne santé et pas non plus en sécurité. Certains des crétins, ont même écrit sur les vitres, pour nous, les enfants : « Ne travaillez jamais ». C’est con, parce que, lorsqu’on est malade, en fait, on a envie de guérir pour retrouver une vie normale, l’école, les copains, tout, quoi. Bon moi, d’accord, je risque de suivre leur conseil, aux crétins, parce que, vu que ma greffe a raté, il n’est pas certain que je vive longtemps.
    Alors, cher président, je n’écris pas pour moi parce que c’est un peu trop tard mais j’écris pour mes copains et mes parents : qu’est-ce qu’on peut faire contre les cons ? T’es Président, tu dois avoir des lumières.
    Moi j’ai pensé à un truc horrible : qu’ils se trouvent un jour dans un hôpital attaqué comme hier alors qu’ils sont malades. Ou pire, que ça arrive à leurs propres enfants.
    C’est méchant, je sais. Et puis ça serait peut-être même pas efficace. Parce que s’ils sont assez cons pour ne pas y avoir déjà pensé, c’est qu’ils sont vraiment ramollis du cerveau. Bon, je te donne pas de conseil, t’es président, tu dois savoir.
    Je compte sur toi. C’est normal que je veuille protéger mes parents, non ?
    Bisous, Oscar.

     

    Pour le frère Alain Richard, franciscain, fondateur des Cercles de silence, les causes d’un débordement de violence ne sont pas à chercher uniquement dans la conjoncture actuelle mais aussi dans cette absence de formation et d’éducation, en France, aux relations humaines et à la non-violence.

     ZOOM

    / Photo P. Razzo/Ciric

    Comment réagissez-vous, en tant que partisan de la non-violence aux débordements de violence qui secouent actuellement le pays ?

    Frère Alain Richard : « Je ne suis ni étonné ni surpris. Nous récoltons aujourd’hui les fruits de dizaines et de dizaines d’années de négligence de nos relations humaines. Que ce soit au sein de la société civile comme au sein de l’éducation nationale, et même au sein de l’Église, aucune formation aux relations et à la non-violence n’est prévue dans les différents cursus. On pourra me reprocher de ne pas répondre directement à la question, mais c’est pour moi la principale cause de la violence qui jaillit actuellement dans le pays. Il me semble très grave que notre pays donne accès à une foule de connaissances mais pas à la connaissance du rapport avec les autres. Pourtant, depuis des années, des psychologues, des éducateurs, des penseurs n’ont eu de cesse de demander la création et le développement de structures de formation et d’éducation à la non-violence. Dans des situations de violence, certaines personnes ne peuvent répondre que par la violence, car elles sont enfermées dans des schémas où elle est l’unique issue : c’est une façon, pour elles, d’exprimer ce qui n’a jamais été digéré à l’intérieur d’eux. Elles ne font alors que se détruire, tout en détruisant l’autre : elles entrent en contradiction même avec ce qu’est profondément l’être humain, qui cherche avant tout à se réaliser. Parce que l’idéal de l’être humain n’est pas d’affirmer sa force mais bien d’être humain !

    Aujourd’hui, une partie de la population ne réagit pas seulement à la violence par la violence. Elle l’utilise pour exprimer son indignation. Pourquoi ?

    F.A.R. : Parce qu’elle ne sait pas réagir autrement  ! Et qu’on ne l’a pas éduqué, y compris au sein du cercle familial, à réagir différemment, à développer ses forces intérieures. Son premier réflexe, dès lors, est une réaction animale, bestiale, associée à la bêtise, si je peux dire. On parle beaucoup d’humanité mais l’humanité, cela se forme, cela s’éduque ! Y compris dans le monde politique. Je suis parfois effaré de voir comment des personnes qui ont des responsabilités agissent avec une telle ignorance, en matière de relations humaines, une ignorance de la manière dont les conflits se créent et s’évitent. Je ne veux pas citer d’exemples parce que cela serait malhonnête de ma part, mais, hélas, de nombreuses personnes en responsabilité agissent d’une manière qui ne peut que provoquer de la violence. Si l’on veut se parler calmement, cela suppose une certaine éducation.

    Comment chacun peut-il faire, à son échelle, pour canaliser cette violence afin d’éviter que celle-ci jaillisse sur les autres ?

    F.A.R. : Il est très facile de rejoindre l’un des nombreux groupes de formation à la communication verbale non-violente qui existent, pour apprendre à ne pas accroître la violence dans sa famille, dans son lieu de travail, ou dans sa chorale paroissiale par exemple. En 48 heures, on peut déjà connaître les principales bêtises à ne pas faire. C’est un premier pas en sachant qu’il est possible aussi d’envisager de suivre un stage, plus complet, de formation à la non-violence.

    Ce qui est essentiel, c’est que chacun entre en contact avec sa propre humanité. Cela sous-entend alors de travailler à son intériorité, c’est-à-dire pour les chrétiens, d’accueillir Dieu en soi, ce qui est un vrai chemin pour ne pas être dominé par la violence bestiale. 

    Recueilli par Isabelle Demangeat

    Frère Alain Richard est auteur de Accueillir Dieu en soi. Chemin de justice et de paix, Ed Salvator, 128 p.,13,50€

    Source

    Oui, apprenons-nous à gérer nos émotions, à les accueillir et les canaliser puis faisons ce cadeau aux enfants qui nous sont confiés


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