• Les laïcs doivent être impliqués « dans tous les aspects de la vie de l’Église »

    « Les laïcs devraient être impliqués dans l’administration de l’Église » et dans « tous les aspects de la vie de l’Église ». C’est la conviction du cardinal-désigné Kevin Farrell, nommé par le pape François à la tête du nouveau dicastère pour les laïcs, la famille et la vie, inauguré le 1er septembre 2016.

    Dans un entretien au National catholic reporterpublié le 15 novembre, il évoque l’exhortation apostolique post-synodale Amoris laetitia : « c’est l’Esprit-Saint qui parle ». Le document « est fidèle à la doctrine et à l’enseignement de l’Église », assure-t-il : « Il poursuit la doctrine de Familiaris Consortio de Jean-Paul II. Je crois fermement que c’est l’enseignement de l’Église ».

    Il confirme que l’exhortation sera la base de son travail au nouveau dicastère : « Ce sera le document-guide, sans aucun doute, pour les années à venir. (…) Nous devons tous lire ce document un grand nombre de fois. Je l’ai lu probablement sept ou huit fois et je crois qu’à chaque fois (…) il y a quelque chose de nouveau ».

    Pour le chef de dicastère, les personnes divorcées et remariées devraient être incluses « dans tous les ministères de l’Église ». « Cela ne veut pas dire (…) qu’ils devraient recevoir la communion », précise-t-il en plaidant pour « un processus de discernement ». Il faut « un cheminement. (…) Ne pas prendre à la légère, mais accompagner les personnes dans des circonstances difficiles ».

    Impliquer les laïcs dans l’administration

    L’évêque, qui sera créé cardinal le 19 novembre, évoque son nouveau rôle au sein de la Curie romaine : « Ce n’est pas comme si j’arrivais avec beaucoup d’idées brillantes. Je dois venir, je dois apprendre, je dois écouter pendant plusieurs mois. Je suis du genre à aimer écouter les opinions des autres. (…) J’aime consulter beaucoup et voir à partir de là où nous allons ».

    « Je crois que le pape est réellement concerné par les laïcs et le rôle des laïcs » qui « sont la plus grande partie de l’Église », explique-t-il encore : le pape François « veut que le peuple catholique se sente soutenu et compris, et qu’il ait la parole ».

    Dans le diocèse de Dallas, dont il était l’évêque depuis 2007, Mgr Farrell a créé un comité de laïcs pour le conseiller dans l’administration du diocèse : « Je les consultais sur toutes les décisions pastorales auxquelles j’étais confronté. (…) Je tenais à ce que les prêtres soient ce qu’ils sont supposés êtres : sacramentels, et enseignant la foi. Et à laisser l’administration à des personnes qui étaient plus compétentes qu’eux, les laïcs ».

    « Je préfère avoir des laïcs pour diriger les différents services », confie-t-il. « Les laïcs devraient être impliqués dans l’administration de l’Église, et par administration, je n’entends pas les finances. Je pense à tous les aspects de la vie de l’Église ».

    Ainsi le préfet du grand dicastère envisage que tous ses sous-secrétaires soient des laïcs : « J’aimerais avoir des personnes mariées qui me parlent du mariage et des membres de familles qui me parlent de la vie familiale. Ce sont eux qui en vivent la réalité ».

    Le point de vue unique des femmes

    Il souhaite aussi promouvoir le rôle des femmes : « Les femmes apportent une perspective unique sur de nombreux problèmes, affirme-t-il. Je verrais les choses d’une manière, du bureau de la chancellerie, mais elles le verraient complètement différemment à partir de leur expérience quotidienne de la réalité ».

    Le cardinal-désigné entend aussi « mettre fortement l’accent sur la formation des laïcs à tous les niveaux ».

    Mgr Farrell évoque par ailleurs sa surprise en recevant l’appel du pape pour sa nomination au Vatican : « J’étais simplement soufflé, (…) je ne pouvais pas y croire ». Il ignore pourquoi il a été désigné à ce poste : « J’aimerais beaucoup le savoir. J’ai demandé au Saint-Père : ‘Pourquoi m’avez-vous choisi ?’. Il a simplement souri ».

    Avec une traduction de Constance Roques - Source


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  • « Apprenons à nous mettre à la place des autres »

    Il est facile de montrer du doigt les défauts et les manquements des autres, mais nous devons apprendre à nous mettre à la place des autres ». Le pape François a consacré la catéchèse du 16 novembre 2016 à l’œuvre de miséricorde « supporter patiemment les personnes importunes ».

    Au cours de la dernière audience générale du Jubilé de la miséricorde, il a proposé un examen de conscience « pour voir si nous aussi, parfois, nous pouvons être importuns pour les autres ». Il a aussi encouragé à « à aller toujours à l’essentiel et à regarder plus loin pour assumer avec responsabilité sa propre mission ». A l’exemple du Christ dont le royaume « n’est pas un royaume de pouvoir,… de gloire comme ceux de la terre, mais de service et de don de soi aux autres ».

    Le pape François a aussi exhorté les catholiques à accompagner les autres « dans la recherche de l’essentiel » : « Souvent il nous arrive de rencontrer des personnes qui s’arrêtent sur des choses superficielles, éphémères et banales ; parfois parce qu’elles n’ont pas rencontré quelqu’un pour les stimuler à chercher autre chose, à apprécier les vrais trésors ».

    « L’exigence de conseiller, d’avertir et d’enseigner, a-t-il averti, ne doit pas nous faire nous sentir supérieurs aux autres mais nous oblige avant tout à rentrer en nous-mêmes pour vérifier si nous sommes cohérents avec ce que nous demandons aux autres ».

    AK

    Catéchèse du pape François

    Supporter patiemment les personnes importunes

    Chers frères et sœurs, bonjour !

    Nous consacrons la catéchèse de ce jour à une œuvre de miséricorde que nous connaissons tous très bien, mais que nous ne mettons peut-être pas en pratique comme nous le devrions : supporter patiemment les personnes importunes. Nous sommes tous très bons pour identifier une présence qui peut ennuyer : cela se produit quand nous rencontrons quelqu’un dans la rue, ou quand nous recevons un appel téléphonique… Nous pensons aussitôt : « Combien de temps vais-je devoir écouter les plaintes, les cancans, les demandes ou les vantardises de cette personne ? » Cela arrive aussi, parfois, que les personnes ennuyeuses soient les plus proches de nous : parmi les membres de la famille, il y a toujours quelqu’un ; sur le lieu de travail, cela ne manque pas ; et même dans le temps libre, nous n’en sommes pas à l’abri. Que devons-nous faire avec les personnes importunes ? Mai aussi nous-mêmes, bien souvent, nous sommes importuns pour les autres. Pourquoi, parmi les œuvres de miséricorde, celle-ci a-t-elle aussi été insérée ? Supporter patiemment les personnes importunes.

    Dans la Bible, nous voyons que Dieu lui-même doit user de miséricorde pour supporter les plaintes de son peuple. Par exemple dans le livre de l’Exode, le peuple devient vraiment insupportable : avant, il pleure parce qu’il est esclave en Égypte et Dieu le libère ; puis, dans le désert, il se lamente parce qu’il n’y a pas à manger (cf. 16,3) et Dieu envoie les cailles et la manne (cf. 16,13-16) mais malgré cela les plaintes ne cessent pas. Moïse sert de médiateur entre Dieu et le peuple, et lui aussi parfois devient importun à l’égard du Seigneur. Mais Dieu a eu patience et ainsi, il a enseigné à Moïse et au peuple cette dimension essentielle de la foi.

    Il vient spontanément une première question : faisons-nous parfois notre examen de conscience pour voir si nous aussi, parfois, nous pouvons être importuns pour les autres ? Il est facile de montrer du doigt les défauts et les manquements des autres, mais nous devons apprendre à nous mettre à la place des autres.

    Regardons surtout Jésus : quelle patience il a dû avoir pendant les trois années de sa vie publique ! Une fois, alors qu’il était en chemin avec ses disciples, il fut arrêté par la mère de Jacques et Jean qui lui dit : « Ordonne que mes deux fils que voici siègent, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ton Royaume. » (Mt 20,21). La maman faisait du lobbying pour ses enfants, mais c’était la maman… Même de cette situation, Jésus s’inspire pour donner un enseignement fondamental : son royaume n’est pas un royaume de pouvoir, ce n’est pas un royaume de gloire comme ceux de la terre, mais de service et de don de soi aux autres. Jésus enseigne à aller toujours à l’essentiel et à regarder plus loin pour assumer avec responsabilité sa propre mission. Nous pourrions voir ici le rappel à deux autres œuvres de miséricorde spirituelle : celle d’avertir les pécheurs et celle d’enseigner aux ignorants. Pensons au grand engagement que l’on peut mettre quand nous aidons les personnes à grandir dans la foi et dans la vie. Je pense par exemple aux catéchistes, parmi lesquels il y a tant de mamans et de religieuses – qui consacrent du temps pour enseigner aux jeunes les éléments de base de la foi. Que de fatigue, surtout quand les jeunes préfèreraient jouer plutôt que d’écouter le catéchisme !

    Accompagner dans la recherche de l’essentiel est beau et important parce que cela nous fait partager la joie de goûter le sens de la vie. Souvent il nous arrive de rencontrer des personnes qui s’arrêtent sur des choses superficielles, éphémères et banales ; parfois parce qu’elles n’ont pas rencontré quelqu’un pour les stimuler à chercher autre chose, à apprécier les vrais trésors. Enseigner à regarder à l’essentiel est une aide déterminante, surtout à une époque comme la nôtre qui semble avoir perdu l’orientation et poursuivre des satisfactions sans souffle. Enseigner à découvrir ce que veut le Seigneur de nous et comment nous pouvons y correspondre signifie mettre sur la route pour grandir dans sa propre vocation, la route de la vraie joie. Ainsi les paroles de Jésus à la mère de Jacques et Jean, et ensuite à tout le groupe des disciples, indiquent la voie pour éviter de tomber dans l’envie, dans l’ambition, dans l’adulation, tentations qui sont toujours à l’affut y compris parmi nous, chrétiens. L’exigence de conseiller, d’avertir et d’enseigner ne doit pas nous faire nous sentir supérieurs aux autres mais nous oblige avant tout à rentrer en nous-mêmes pour vérifier si nous sommes cohérents avec ce que nous demandons aux autres. N’oublions pas les paroles de Jésus : « Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère, alors que la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ? » (Lc 6,41). Que l’Esprit-Saint nous aide à supporter patiemment et à conseiller avec humilité et simplicité.

    © Traduction de Zenit, Constance Roques - Source


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  • Quatre cardinaux ont rendu publique, lundi 14 novembre, une lettre au pape François dans laquelle ils expriment un certain nombre de doutes (dubia) à propos de l’exhortation apostolique Amoris laetitia.

    Par ce geste inhabituel, les cardinaux Walter Brandmüller, Raymond Burke, Carlo Caffarra et Joachim Meisner affirment ne pas vouloir s’opposer au pape mais, celui-ci n’ayant pas répondu à leur lettre du 19 septembre, ils interprètent « cette décision souveraine (…) comme une invitation à continuer cette réflexion et cette discussion calme et respectueuse ».

    > Lire aussi : Après les débats, « Amoris laetitia » bientôt en pratique

    « Nous voulons espérer que personne n’interprétera cette démarche en fonction du schéma “progressistes-conservateurs” », assurent les quatre cardinaux. Ils représentent néanmoins l’aile plus conservatrice du Sacré Collège mais assurent qu’ils veulent seulement « aider le pape à prévenir des divisions et des oppositions au sein de l’Église, en lui demandant de dissiper toute ambiguïté ».

    Publiées sur le blog du vaticaniste Sandro Magister, les questions des quatre cardinaux portent notamment sur le chapitre 8 d’Amoris laetitia. En particulier sur les paragraphes 300 à 305 sur l’éventuel accès aux sacrements de divorcés remariés.

    « Situation objective de péché »

    Selon eux, « des théologiens et des chercheurs ont proposé des interprétations non seulement divergentes, mais même contradictoires » et cela provoquerait « de l’incertitude, de la confusion et du désarroi chez un grand nombre de fidèles ».

    Les quatre cardinaux demandent ainsi si « l’expression “dans certains cas” de la note 351 de l’exhortation Amoris lætitia » suggérant la possibilité d’accès aux sacrements de personnes « dans une situation objective de péché », peut « être appliquée aux divorcés remariés qui continuent à vivre more uxorio (comme des époux) ».

    « Actes intrinsèquement mauvais »

    « L’enseignement de l’encyclique de saint Jean-Paul II Veritatis splendor (…) à propos de l’existence de normes morales absolues, obligatoires sans exception, qui interdisent des actes intrinsèquement mauvais, continue-t-il à être valide ? », interrogent plus largement les quatre cardinaux. Ils demandent s’il est « encore possible d’affirmer qu’une personne qui vit habituellement en contradiction avec un commandement de la loi de Dieu, comme par exemple celui qui interdit l’adultère, se trouve dans une situation objective de péché grave habituel ».

    En langage canonique, les dubia (« doutes », en latin) sont des questions formelles posées au Saint-Siège appelant à une réponse « oui » ou « non », sans argumentation théologique.

    > Lire aussi : Le pape félicite des évêques argentins pour leur interprétation d’Amoris laetitia

    Manifestement, en utilisant cette technique et en continuant à employer des expressions telles que « intrinsèquement mauvais » ou « situation objective de péché grave habituel », les cardinaux ne semblent pas avoir compris ce que le pape explique pourtant clairement au n° 300 d’Amoris laetitia. Il y affirme « qu’on ne devait pas attendre du Synode ou de cette exhortation une nouvelle législation générale du genre canonique, applicable à tous les cas ».

    Nicolas Senèze, à Rome - Source

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  • Hier soir je suis tombée sur cette information. Alors que les portes du jubilé de la Miséricorde se fermaient, certains coeur n'avaient pas été atteint par le message d'amour et d'ouverture christique.

    Prions pour notre pape François et son courage évangélique. Prions aussi pour que chacune et chacun comprenne que l'Eglise est appellée à être polyèdre (voir article sur l'introduction à Amoris laetitia).

    Marie-Aude

    "Faire la clarté". L'appel de quatre cardinaux au pape

    Une lettre. Cinq questions portant sur les points les plus controversés d’"Amoris lætitia". Auxquelles François n’a pas répondu. Raison de plus, disent ces prélats, pour "informer le peuple de Dieu de notre initiative.

    ROME, le 14 novembre 2016 – La lettre et les cinq questions dont le texte est donné intégralement ci-dessous n’ont pas besoin de beaucoup d’explications. Il suffit de les lire. La nouveauté est que quatre cardinaux qui, le 19 septembre dernier, les ont remises à François, qui ne leur a pas répondu, ont décidé, encouragés précisément par ce silence du pape, de les rendre publiques afin de "continuer la réflexion et la discussion" avec "tout le peuple de Dieu".

    C’est ce qu’ils expliquent dans le texte préliminaire qui précède leur lettre. Celui-ci fait penser immédiatement à l’évangile de Matthieu 18, 16-17 : "Si ton frère ne t’écoute pas, prends encore avec toi ou deux ou trois témoins. S’il refuse de les écouter, dis-le à la communauté".

    Le "témoin", dans le cas présent, a été le cardinal Gerhard L. Müller, préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi. Parce que la lettre et les questions adressées au pape lui ont également été envoyées.

    Les cinq questions étaient en effet formulées sous la même forme que les interrogations classiques qui sont adressées à la congrégation pour la doctrine de la foi. C’est-à-dire qu’elles étaient formulées de manière à ce qu’il soit possible d’y répondre simplement par "oui" ou par "non".

    En général, les réponses qui sont fournies par la congrégation mentionnent de manière explicite l’approbation que leur a donnée le pape. Et il n’est pas douteux que, après avoir reçu la lettre et les questions, les deux hommes en aient parlé à l’occasion des audiences que François accorde, de manière régulière, au cardinal préfet.

    Mais, justement, les quatre cardinaux n’ont reçu aucune réponse à leur appel, ni de la part du cardinal Müller ni de celle du pape, évidemment parce que ce dernier a voulu qu’il en soit ainsi.


    Les quatre cardinaux qui ont signé cette lettre et la publient maintenant ne font pas partie du groupe de ceux qui, il y a un an, au début de la seconde session du synode consacré à la famille, avaient remis à François la fameuse lettre "des treize cardinaux" :

    > Treize cardinaux ont écrit au pape. Voici la lettre (12.10.2015)

    Les treize signataires étaient tous des participants au synode, en activité dans leurs diocèses respectifs. Ou bien, comme c’était le cas pour les cardinaux Robert Sarah, George Pell et pour le cardinal Müller lui-même, ils exerçaient d’importantes responsabilités au sein de la curie.

    Au contraire les quatre qui ont écrit cette fois-ci, bien que jouissant tous d’une autorité bien établie, n’exercent pas de responsabilités opérationnelles, soit en raison de leur âge, soit parce que leurs fonctions ont pris fin.

    Ils disposent ainsi de davantage de liberté. Ce n’est pas un mystère, en effet, que leur appel a été et est partagé par bon nombre d’autres cardinaux qui sont encore actuellement en pleine activité, ainsi que par des évêques et des archevêques de première importance, en Occident et en Orient, mais que ceux-ci ont décidé de rester dans l’ombre.

    Dans quelques jours, les 19 et 20 novembre, le collège des cardinaux dans sa totalité va se réunir à Rome pour le consistoire qui a été convoqué par le pape François. Et l'appel des quatre cardinaux va inévitablement être pour eux un sujet de discussions animées.

    Rappel historique. C’est à l’occasion du consistoire du mois de février 2014 que François avait lancé la longue marche qui a abouti à l’exhortation "Amoris lætitia", lorsqu’il avait confié au cardinal Walter Kasper la rédaction du rapport introductif, favorable à l’accès des divorcés remariés à la communion.

    Dès le tout début de ce consistoire de 2014, la controverse avait éclaté avec beaucoup d’animation. Et c’est le même sujet qui, aujourd’hui encore, divise le plus l’Église, y compris dans ses plus hautes sphères, en raison de la manière contradictoire dont sont interprétées et appliquées les suggestions d’"Amoris lætitia" qui ne sont pas claires.

    Kasper est allemand et, détail curieux, deux des cardinaux – appartenant au camp opposé – qui publient le présent appel sont également allemands, ainsi que le cardinal Müller, qui avait signé la lettre "des treize" et qui a reçu maintenant cette autre lettre tout aussi explosive.

    Dans l’Église, il y a de la division. Et elle est spectaculairement présente dans cette Église d’Allemagne qui, d’après beaucoup de gens, constitue la pointe la plus avancée du changement.

    Et le pape François garde le silence. Peut-être parce qu’il pense que "les oppositions sont utiles", comme il l’a expliqué à son confrère jésuite Antonio Spadaro au moment de la publication de l'anthologie de ses discours en tant qu’archevêque de Buenos-Aires, disponible en librairie depuis quelques jours.

    Et il a ajouté:

    "La vie humaine est structurée sous forme d’oppositions. Et c’est aussi ce qui se passe actuellement dans l’Église. Les tensions ne doivent pas nécessairement être résolues et homologuées. Elles ne sont pas comme les contradictions".

    Mais justement, dans le cas présent, c’est de contradictions qu’il s’agit. "Oui" ou "non" : ce sont ces réponses-là et pas d’autres qu’il faut donner aux cinq questions posées par les quatre cardinaux à propos de points cruciaux de la doctrine et de la vie de l’Église qui sont mis en doute par "Amoris lætitia".

    Laissons donc la parole à ces quatre cardinaux.

    __________

     Faire la clarté.

    Problèmes non résolus posés par "Amoris lætitia" - Un appel


    1. Un préalable nécessaire

    L’envoi de la lettre qui suit au Pape François des quatre cardinaux que nous sommes a pour origine une profonde préoccupation pastorale.

    Nous avons constaté, chez beaucoup de fidèles, un grave désarroi et une grande confusion à propos de questions très importantes pour la vie de l’Église. Nous avons remarqué que même au sein du collège épiscopal sont données des interprétations contradictoires du chapitre VIII d’"Amoris lætitia".

    La grande Tradition de l’Église nous enseigne que le moyen de sortir de situations comme celle-ci est d’avoir recours au Saint-Père, en demandant au Siège Apostolique de résoudre ces doutes qui sont à l’origine du désarroi et de la confusion.

    Notre geste est donc un acte de justice et de charité.

    De justice : en prenant cette initiative, nous professons que le ministère pétrinien est le ministère de l’unité et que c’est à Pierre, c’est-à-dire au Pape, qu’incombe le service qui consiste à confirmer dans la foi.

    De charité : nous voulons aider le Pape à prévenir des divisions et des oppositions au sein de l’Église, en lui demandant de dissiper toute ambigüité.

    Nous avons également rempli un devoir précis. D’après le Code de droit canonique (canon 349), la mission d’aider le Pape dans le gouvernement de l’Église universelle est confiée aux cardinaux, y compris lorsqu’ils agissent individuellement.

    Le Saint-Père a décidé de ne pas répondre. Nous avons interprété cette décision souveraine qu’il a prise comme une invitation à continuer cette réflexion et cette discussion calme et respectueuse.

    Et par conséquent nous informons de notre initiative tout le peuple de Dieu, en lui proposant toute la documentation.

    Nous voulons espérer que personne n’interprétera cette démarche en fonction du schéma “progressistes-conservateurs”, ce qui serait complètement erroné. Nous sommes profondément soucieux du véritable bien des âmes, qui est la loi suprême de l’Église, et non pas de faire progresser au sein de l’Église une quelconque forme de politique.

    Nous voulons espérer que personne ne nous considérera injustement comme des adversaires du Saint-Père ni comme des hommes dépourvus de miséricorde. Ce que nous avons fait et que nous sommes en train de faire est inspiré par la profonde affection collégiale qui nous unit au Pape et par notre souci passionné du bien des fidèles.

    Card. Walter Brandmüller
    Card. Raymond L. Burke
    Card. Carlo Caffarra
    Card. Joachim Meisner


    2. La lettre des quatre cardinaux au pape


    A notre Saint-Père, le Pape François
    Et, pour information, à Son Éminence le Cardinal Gerhard L. Müller

    Très Saint Père,

    À la suite de la publication de Votre Exhortation Apostolique "Amoris lætitia", des théologiens et des chercheurs ont proposé des interprétations non seulement divergentes, mais même contradictoires, surtout en ce qui concerne le chapitre VIII. De plus, les médias ont monté en épingle cette polémique, provoquant ainsi de l’incertitude, de la confusion et du désarroi chez un grand nombre de fidèles.

    En conséquence, de très nombreuses questions relatives à la juste interprétation à donner au chapitre VIII de l’Exhortation ont été adressées à nous, soussignés, mais aussi à beaucoup d’Évêques et de Prêtres, par des fidèles appartenant à toutes catégories sociales.

    Aujourd’hui, poussés en conscience par notre responsabilité pastorale et désirant concrétiser de plus en plus cette synodalité à laquelle Votre Sainteté nous exhorte, nous nous permettons, avec un profond respect, de Vous demander, Très Saint Père, en tant que Maître suprême de la foi appelé par le Christ Ressuscité à confirmer ses frères dans la foi, de résoudre les incertitudes et de faire la lumière, en ayant la bonté de répondre aux "Dubia" que nous nous permettons de joindre à la présente lettre.

    Que Votre Sainteté veuille bien nous bénir, nous qui L’assurons de toujours l’inclure dans nos prières.

    Card. Walter Brandmüller
    Card. Raymond L. Burke
    Card. Carlo Caffarra
    Card. Joachim Meisner

    Rome, le 19 septembre 2016


    3. Les "Dubia"

    1.    Il est demandé si, en conséquence de ce qui est affirmé dans "Amoris lætitia" aux nn. 300-305, il est maintenant devenu possible d’absoudre dans le sacrement de Pénitence et donc d’admettre à la Sainte Eucharistie une personne qui, étant liée par un lien matrimonial valide, vit "more uxorio" avec une autre personne, sans que soient remplies les conditions prévues par "Familiaris consortio" au n. 84 et réaffirmées ensuite par "Reconciliatio et pænitentia" au n. 34 et par "Sacramentum caritatis" au n. 29. L’expression "dans certains cas" de la note 351 (n. 305) de l’exhortation "Amoris lætitia" peut-elle être appliquée aux divorcés remariés qui continuent à vivre "more uxorio" ?

    2.    Après l’exhortation post-synodale "Amoris lætitia" (cf. n. 304), l’enseignement de l’encyclique de Saint Jean-Paul II "Veritatis splendor" n. 79, fondé sur la Sainte Écriture et sur la Tradition de l’Église, à propos de l’existence de normes morales absolues, obligatoires sans exception, qui interdisent des actes intrinsèquement mauvais, continue-t-il à être valide ?

    3.    Après "Amoris lætitia" n. 301, est-il encore possible d’affirmer qu’une personne qui vit habituellement en contradiction avec un commandement de la loi de Dieu, comme par exemple celui qui interdit l’adultère (cf. Mt 19, 3-9), se trouve dans une situation objective de péché grave habituel (cf. Conseil pontifical pour les textes législatifs, Déclaration du 24 juin 2000) ?

    4.    Après les affirmations contenues dans "Amoris lætitia" n. 302 à propos des "circonstances qui atténuent la responsabilité morale", faut-il encore considérer comme valide l’enseignement de l’encyclique de Saint Jean-Paul II "Veritatis splendor" n. 81, fondé sur la Sainte Écriture et sur la Tradition de l’Église, selon lequel "les circonstances ou les intentions ne pourront jamais transformer un acte intrinsèquement malhonnête de par son objet en un acte subjectivement honnête ou défendable comme choix" ?

    5.    Après "Amoris lætitia" n. 303, faut-il considérer comme encore valide l’enseignement de l’encyclique de Saint Jean-Paul II "Veritatis splendor" n. 56, fondé sur la Sainte Écriture et sur la Tradition de l’Église, qui exclut une interprétation créatrive du rôle de la conscience et affirme que la conscience n’est jamais autorisée à légitimer des exceptions aux normes morales absolues qui interdisent des actes intrinsèquement mauvais de par leur objet ?


    4. Note explicative par les quatre cardinaux

    LE CONTEXTE


    Les "dubia" (mot latin signifiant : "doutes") sont des questions formelles posées au Pape et à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et qui demandent des éclaircissements à propos de sujets particuliers concernant la doctrine ou la pratique.

    La particularité de ces questions est qu’elles sont formulées de telle sorte qu’elles demandent comme réponse un "oui" ou un "non", sans argumentation théologique. Cette manière de s'adresser au Siège Apostolique n’est pas une invention de notre part ; c’est une pratique séculaire.

    Venons-en à l’enjeu concret.

    La publication de l’exhortation apostolique post-synodale "Amoris lætitia", consacrée à l’amour dans la famille, a fait naître un vaste débat, notamment en ce qui concerne le chapitre VIII. Les paragraphes 300-305, en particulier, ont fait l’objet d’interprétations divergentes.

    Pour beaucoup de personnes – des évêques, des prêtres de paroisse, des fidèles – ces paragraphes font allusion ou même enseignent de manière explicite un changement dans la discipline de l’Église en ce qui concerne les divorcés qui vivent une nouvelle union, tandis que d’autres personnes, qui admettent le manque de clarté ou même l’ambigüité des passages en question, expliquent néanmoins que ces mêmes pages peuvent être lues en continuité avec le magistère précédent et qu’elles ne contiennent pas de modification dans la pratique et dans l’enseignement de l’Église.

    Animés par une préoccupation pastorale à l’égard des fidèles, quatre cardinaux ont adressé au Saint-Père une lettre sous forme de "dubia", dans l’espoir de recevoir des éclaircissements, étant donné que le doute et l’incertitude sont toujours hautement dommageables à la pastorale.

    Le fait que les personnes qui interprètent l’exhortation parviennent à des conclusions différentes est également dû à des manières divergentes de comprendre la vie chrétienne. En ce sens, ce qui est en jeu dans "Amoris lætitia", ce n’est pas seulement la question de savoir si les divorcés qui ont contracté une nouvelle union – dans certaines circonstances – peuvent ou non avoir de nouveau accès aux sacrements.

    On constate enfin que les interprétations du document reposent aussi des approches différentes, contradictoires, du mode de vie chrétien.

    Ainsi, alors que la première question concerne un sujet concret concernant les divorcés remariés civilement, les quatre autres questions concernent des sujets fondamentaux de la vie chrétienne.


    LES QUESTIONS

    Doute numéro 1 :

    Il est demandé si, en conséquence de ce qui est affirmé dans "Amoris lætitia" aux nn. 300-305, il est désormais devenu possible d’absoudre dans le sacrement de Pénitence et donc d’admettre à la Sainte Eucharistie une personne qui, étant liée par un lien matrimonial valide, vit "more uxorio" avec une autre personne, sans que soient remplies les conditions prévues par "Familiaris consortio" au n. 84, réaffirmées par "Reconciliatio et pænitentia" au n. 34 et par "Sacramentum caritatis" au n. 29. L’expression "dans certains cas" de la note 351 (n. 305) de l’exhortation "Amoris lætitia" peut-elle être appliquée aux divorcés ayant contracté une nouvelle union, qui continuent à vivre "more uxorio" ?


    La première question fait particulièrement référence à "Amoris lætitia" n. 305 et à la note 351 placée en bas de page. La note 351, alors qu’elle parle spécifiquement du sacrement de pénitence et de celui de la communion, ne mentionne pas les divorcés remariés civilement dans ce contexte, le texte principal ne le faisant pas non plus.

    Le n. 84 de l’exhortation apostolique "Familiaris consortio" du Pape Jean-Paul II envisageait déjà la possibilité d’admettre aux sacrements les divorcés remariés civilement. Il mentionnait trois conditions :

    - Les personnes concernées ne peuvent pas se séparer sans commettre une nouvelle injustice (par exemple, elles pourraient avoir la responsabilité de l’éducation de leurs enfants) ;

    - Elles prennent l’engagement de vivre selon la vérité de leur situation, en cessant de vivre ensemble comme si elles étaient mari et femme ("more uxorio"), s’abstenant des actes réservés aux époux ;

    - Elles évitent de faire scandale (c’est-à-dire qu’elles évitent l’apparence du péché afin d’éviter le risque d’entraîner d’autres personnes à pécher).

    Les conditions mentionnées par "Familiaris consortio" au n. 84 et par les documents ultérieurs qui sont rappelés apparaîtront immédiatement comme raisonnables une fois que l’on se sera souvenu que l’union conjugale n’est pas fondée uniquement sur l’affection mutuelle et que les actes sexuels ne sont pas seulement une activité parmi les autres que le couple accomplit.

    Les relations sexuelles appartiennent à l’amour conjugal. Elles sont quelque chose de tellement important, de tellement bon et de tellement précieux, qu’elles demandent un contexte particulier : le contexte de l’amour conjugal. Par conséquent, non seulement les divorcés qui vivent une nouvelle union doivent s’en abstenir, mais quiconque n’est pas marié doit également s’en abstenir. Pour l’Église, le sixième commandement, "tu ne commettras pas d’adultère", a toujours concerné tout exercice de la sexualité humaine qui n’est pas conjugal, c’est-à-dire toute acte sexuelle en dehors de celles que l’on a avec son époux légitime.

    Il semble que, si l’on autorise à communier les fidèles qui se sont séparés ou qui ont divorcé de leur conjoint légitime et qui sont engagés dans une nouvelle union dans laquelle ils vivent comme s’ils étaient mari et femme, l’Église enseignerait, à travers cette pratique de l’admission à la communion, l’une des affirmations suivantes concernant le mariage, la sexualité humaine et la nature des sacrements :

    - Un divorce ne dissout pas le lien matrimonial et les partenaires de la nouvelle union ne sont pas mariés. Cependant, les personnes qui ne sont pas mariées peuvent, à certaines conditions, accomplir légitimement des actes d’intimité sexuelle.

    - Un divorce dissout le lien matrimonial. Les personnes qui ne sont pas mariées ne peuvent pas accomplir légitimement des actes sexuels. Les divorcés remariés sont légitimement des époux et leurs actes sexuels sont licitement des actes conjugaux.

    - Un divorce ne dissout pas le lien matrimonial et les partenaires de la nouvelle union ne sont pas mariés. Les personnes qui ne sont pas mariées ne peuvent pas accomplir des actes sexuels. Par conséquent les divorcés remariés civilement vivent dans une situation de péché habituel, public, objectif et grave. Cependant, admettre des personnes à l’Eucharistie ne signifie pas, pour l’Église, qu’elle approuve leur état de vie public ; le fidèle peut s’approcher de la table eucharistique même s’il a conscience d’être en état de péché grave. L’intention de changer de vie n’est pas toujours nécessaire pour recevoir l’absolution dans le sacrement de pénitence. Par conséquent les sacrements sont séparés de la vie : les rites chrétiens et le culte sont dans une sphère différente de celle de la vie morale chrétienne.

    Doute numéro 2 :

    Après l’exhortation post-synodale "Amoris lætitia" (cf. n. 304), l’enseignement de l’encyclique de Saint Jean-Paul II "Veritatis splendor" n. 79, fondé sur la Sainte Écriture et sur la Tradition de l’Église, à propos de l’existence de normes morales absolues, obligatoires sans exception, qui interdisent des actes intrinsèquement mauvais, continue-t-il à être valide ?


    La seconde question concerne l’existence de ce que l’on appelle les actes intrinsèquement mauvais. Le n. 79 de l’encyclique "Veritatis splendor" de Jean-Paul II affirme qu’il est possible de "qualifier de moralement mauvais selon son genre […] le choix délibéré de certains comportements ou de certains actes déterminés, en les séparant de l’intention dans laquelle le choix a été fait ou de la totalité des conséquences prévisibles de cet acte pour toutes les personnes concernées".

    Ainsi, l’encyclique enseigne qu’il y a des actes qui sont toujours mauvais, qui sont interdits par les normes morales qui obligent sans exception (les "absolus moraux"). Ces absolus moraux sont toujours négatifs, c’est-à-dire qu’ils nous disent ce que nous ne devons pas faire. "Tu ne tueras pas". "Tu ne commettras pas d’adultère". Seules des normes négatives peuvent obliger sans exception.

    D’après "Veritatis splendor", en cas d’actes intrinsèquement mauvais, aucun discernement des circonstances ou des intentions n’est nécessaire. Même si un agent secret pouvait obtenir de la femme d’un terroriste des informations précieuses en commettant un adultère avec elle, de manière à sauver sa patrie (ceci qui ressemble à un exemple tiré d’un film de James Bond avait déjà été envisagé par Saint Thomas d’Aquin dans le "De Malo", q. 15, a. 1). Jean-Paul II soutient que l’intention (ici "sauver la patrie") ne change pas la nature de l’acte ("commettre un adultère") et qu’il est suffisant de connaître la nature de l’acte ("adultère") pour savoir qu’il ne doit pas être accompli.

    Doute numéro 3 :

    Après "Amoris lætitia" n. 301, est-il encore possible d’affirmer qu’une personne qui vit habituellement en contradiction avec un commandement de la loi de Dieu, comme par exemple celui qui interdit l’adultère (cf. Mt 19, 3-9), se trouve dans une situation objective de péché grave habituel (cf. Conseil pontifical pour les textes législatifs, Déclaration du 24 juin 2000) ?


    Dans son paragraphe 301, "Amoris lætitia" rappelle que "l’Église est riche d’une solide réflexion sur les conditionnements et les circonstances atténuantes". Et le document conclut que "par conséquent, il n’est plus possible de dire que tous ceux qui se trouvent dans une certaine situation dite ‘irrégulière’ vivent dans une situation de péché mortel, privés de la grâce sanctifiante".

    Dans la Déclaration du 24 juin 2000, le Conseil pontifical pour les textes législatifs a cherché à rendre plus clair le canon 915 du Code de Droit Canonique, qui affirme que tous ceux qui "persistent avec obstination dans un péché grave et manifeste ne seront pas admis à la Sainte Communion". La Déclaration du Conseil pontifical affirme que ce canon est également applicable aux fidèles qui sont divorcés et remariés civilement. Elle précise que le "péché grave" doit être compris objectivement, étant donné que le ministre de l’Eucharistie n’a pas les moyens de juger l’imputabilité subjective de la personne.

    Ainsi, d’après la Déclaration, la question de l’admission aux sacrements concerne le jugement sur la situation de vie objective de la personne et non pas le jugement selon lequel cette personne se trouve en état de péché mortel. En effet, subjectivement, celui-ci pourrait ne pas être pleinement imputable, ou ne pas du tout l’être.

    Sur la même ligne de pensée, Saint Jean-Paul II rappelle, dans son encyclique "Ecclesia de Eucharistia", n. 37, que "bien évidemment, le jugement sur l’état de grâce d’une personne appartient uniquement à l’intéressé, puisqu’il s’agit d’un jugement de conscience". Par conséquent, la distinction indiquée dans "Amoris lætitia" entre la situation subjective de péché mortel et la situation objective de péché grave est bien établie dans l’enseignement de l’Église.

    Cependant Jean-Paul II continue à insister sur le fait que "en cas de comportement gravement, manifestement et durablement contraire à la norme morale, l’Église, dans son souci pastoral du bon ordre communautaire et par respect pour les sacrements, ne peut pas ne pas se sentir directement concernée". Il réaffirme ainsi l’enseignement du canon 915 mentionné précédemment.

    La question 3 des "dubia" voudrait donc déterminer si, même après "Amoris lætitia", il est encore possible de dire que les personnes vivant de manière habituelle en contradiction avec le commandement de la loi de Dieu vivent dans une situation objective de grave péché habituel, même si, pour une raison quelconque, il n’est pas certain que ces personnes soient subjectivement imputables en raison de leur transgression habituelle.

    Doute numéro 4 :

    Après les affirmations contenues dans "Amoris lætitia" n. 302 à propos des "circonstances qui atténuent la responsabilité morale", faut-il encore considérer comme valide l’enseignement de l’encyclique de Saint Jean-Paul II "Veritatis splendor" n. 81, fondé sur la Sainte Écriture et sur la Tradition de l’Église, selon lequel "les circonstances ou les intentions ne pourront jamais transformer un acte intrinsèquement malhonnête de par son objet en un acte subjectivement honnête ou défendable comme choix" ?


    Dans son paragraphe 302, "Amoris lætitia" souligne qu’"un jugement négatif sur une situation objective n’implique pas un jugement sur l’imputabilité ou sur la culpabilité de la personne concernée". Les "dubia" font référence à l’enseignement de Jean-Paul II tel qu’il est exprimé dans "Veritatis splendor", selon lequel les circonstances ou les bonnes intentions ne changent jamais un acte intrinsèquement mauvais en un acte excusable ou même bon.

    La question est de savoir si "Amoris lætitia" affirme également que tout acte qui transgresse les commandements de Dieu, tel que l’adultère, le vol, le parjure, ne peut jamais devenir excusable ou même bon, même si l’on prend en considération les circonstances qui atténuent la responsabilité personnelle.

    Est-ce que ces actes, que la Tradition de l’Église a qualifiés de péchés graves et mauvais en eux-mêmes, continuent à être destructeurs et dommageables pour toute personne qui les commet, quel que soit l’état subjectif de responsabilité morale dans lequel cette personne se trouve ?

    Ou bien ces actes peuvent-ils, en fonction de l’état subjectif de la personne, des circonstances et des intentions, cesser d’être dommageables et devenir louables ou tout au moins excusables ?

    Doute numéro 5 :

    Après "Amoris lætitia" n. 303, faut-il considérer comme encore valide l’enseignement de l’encyclique de Saint Jean-Paul II "Veritatis splendor" n. 56, fondé sur la Sainte Écriture et sur la Tradition de l’Église, qui exclut une interprétation créatrive du rôle de la conscience et affirme que la conscience n’est jamais autorisée à légitimer des exceptions aux normes morales absolues qui interdisent des actes intrinsèquement mauvais de par leur objet ?


    "Amoris lætitia" n. 303 affirme que "non seulement la conscience peut reconnaître qu’une situation ne répond pas objectivement aux exigences générales de l’Évangile mais elle peut aussi reconnaître sincèrement et honnêtement que c’est, pour le moment, la réponse généreuse qu’on peut donner à Dieu". Les "dubia" demandent un éclaircissement à propos de ces affirmations, étant donné qu’elles sont susceptibles de donner lieu à des interprétations divergentes.

    D’après les personnes qui proposent l’idée de conscience créative, les préceptes de la loi de Dieu et la norme de la conscience individuelle peuvent être en tension ou même en opposition, alors que le dernier mot devrait toujours revenir à la conscience, qui décide en dernier ressort à propos du bien et du mal. D’après "Veritatis splendor" n. 56, "sur ce fondement, on prétend établir la légitimité de solutions prétendument 'pastorales', contraires aux enseignements du Magistère, et justifier une herméneutique ‘créatrice’ du rôle de la conscience morale, d’après laquelle elle ne serait nullement obligée, dans tous les cas, par un précepte négatif particulier".

    Dans cette perspective, il ne suffira jamais à la conscience morale de savoir que "c’est un adultère", "c’est un homicide", pour savoir qu’il s’agit d’un acte qui ne peut pas et ne doit pas être commis.

    Il faudrait au contraire examiner également les circonstances et les intentions afin de savoir si cet acte ne pourrait pas, après tout, être excusable ou même obligatoire (cf. la question 4 des "dubia"). D’après ces théories, la conscience pourrait en effet décider légitimement que, dans un cas donné, la volonté de Dieu en ce qui me concerne consiste en un acte par lequel je transgresse l’un de ses commandements. "Tu ne commettras pas d’adultère" ne serait pas vraiment perçu comme une norme générale. Ici et maintenant, compte tenu de mes bonnes intentions, commettre un adultère serait ce que Dieu me demande véritablement. Présentés de cette manière, des cas d’adultère vertueux, d’homicide légal et de parjure obligatoire seraient pour le moins envisageables.

    Cela signifierait que l’on conçoit la conscience comme une faculté permettant de prendre des décisions de manière autonome en ce qui concerne le bien et le mal, et la loi de Dieu comme un fardeau qui nous est arbitrairement imposé et qui pourrait, jusqu’à un certain point, être opposé à notre véritable bonheur.

    Cependant la conscience ne décide pas de ce qui est bien et de ce qui est mal. L’idée de "décision de conscience" est fallacieuse. L’acte propre à la conscience est de juger et non pas de décider. Elle dit "c’est bien", "c’est mal". Mais le fait que ce soit bien ou mal ne dépend pas d’elle. Elle accepte et reconnaît le bien ou le mal d’une action et pour faire cela, c’est-à-dire pour juger, elle a besoin de critères ; elle est entièrement dépendante de la vérité.

    Les commandements de Dieu sont une aide bienvenue offerte à la conscience pour trouver la vérité et juger ainsi selon la vérité. Les commandements de Dieu sont l’expression de la vérité à propos du bien, à propos de notre être le plus profond, en nous révélant quelque chose de crucial à propos de la manière de vivre bien.

    Le pape François s’exprime dans les mêmes termes dans "Amoris lætitia" n. 295 : "La loi est aussi un don de Dieu qui indique le chemin, un don pour tous sans exception".

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    Traduction française par Antoine de Guitaut, Paris, France.         Source

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  • L'attente de Dieu et le goût de la vie, par Mgr Follo

    « Attente d’un Avent »: sous ce titre, Mgr Francesco Follo propose une méditation sur les lectures de la messe de dimanche prochain, 13 novembre 2016, 33e dimanche du temps ordinaire (Année C): Malachie 3,19-20; Psaume 97; 2Thessaloniciens 3,7-12; Luc 21,5-19).

    Il invite notamment à « réfléchir à la fin du monde pour connaître sa fin dernière » et il donne ne exemple « deux témoins de persévérance », « avec le souhait de comprendre que vivre l’attente de Dieu ne mortifie pas le goût de la vie. Au contraire: Il le rend possible ».

    Comme lecture patristique, Mgr Follo propose un commentaire de saint Augustin d’Hippone sur le Psaume 95
: «Une terre nouvelle, où habitera la justice».

    La venue du Seigneur

     1) Réfléchir à la fin du monde pour connaître sa fin dernière

    En ce dernier dimanche de l’année liturgique, qui rythme notre vie, l’Eglise nous fait méditer sur la fin de tout, pour donner le départ au « Tout », qui est la Vie éternelle.

    La Parole de Dieu nous invite aujourd’hui à méditer sur les réalités ultimes, pour pouvoir connaitre et comprendre les signes des temps avec un regard de foi sur le monde et sur notre vie, et nous préparer avec confiance à la rencontre finale avec l’amour de Dieu. En effet, qui a une confiance amoureuse en Dieu est capable de persévérer et mérite la vie à jamais.

    Dans le passage de l’évangile d’aujourd’hui le Messie nous enseigne à vivre avec une confiance et un témoignage persévérants,  découvrant de plus en plus que « ce que tu n’as pu recevoir aussitôt à cause de ta faiblesse, tu le reçois à d’autres moments grâce à ta persévérance.» (cf. St Ephrem le Syrien (306 – 373), tiré du Diatessaron, IV siècle.).

    En parlant de guerres, révolutions, famines, persécutions et d’autres événements tristes, le Christ n’entend pas affoler les disciples d’hier et ceux d’aujourd’hui. Il veut enseigner que les difficultés de la vie, petites ou grandes qu’elles soient, sont des occasions pour devenir plus forts, dans sa foi et en espérance.

    D’une part, tenir bon, persévérer, dans l’attente du Christ, est notre Fin ultime. C’est la méthode pour accueillir l’Attendu et comme ça qu’il établira sa demeure parmi nous: Lui c’est l’Emmanuel, Dieu avec nous – toujours. D’autre part, le temps qui nous sépare de la fin pour toujours rester avec la Fin dernière est le temps du témoignage. Pendant cette période, nous expérimentons la proximité de Dieu et son amour, qui n’abandonne jamais ses disciples, mais reste près d’eux pour leur dire aussi quel langage tenir face aux persécuteurs (cf. Lc 21,15).

    Jésus nous encourage à Lui rester fidèles jusqu’à la fin. Attendons de Le rencontrer avec persévérance, tenons bon. Il transformera nos difficultés, nos peurs et angoisses, voire celles de la mort, en une glorieuse résurrection.

    2) Deux témoins de persévérance

    Des saints qui sont des exemples de persévérance et des témoins d’une vraie attente, il y en a beaucoup. J’en choisis deux : Saint Jean, le précurseur, et la Vierge Marie, car ils sont les deux piliers du portail que Jésus a passé pour entrer dans notre histoire.

    Tous les deux n’attendaient pas quelque chose mais quelqu’un. Ils ne cherchaient pas à discerner des faits plus ou moins apocalyptiques pour décider que faire dans un avenir plus ou moins proche: ils attendaient rien de moins que Dieu. Ils n’attendaient pas de meilleurs jours, ni une vague utopie, ni un héros, mais attendaient vraiment Dieu.

    Saint Jean Baptiste attendait tout simplement Dieu, ce Dieu qui venait mettre de l’ordre, juger et sauver. Le précurseur était un homme décidé à tout, jusqu’à la fin. Il n’eut aucun scrupule à appeler les chefs du peuple « race de vipères » et à reprocher au roi Hérode tous ses méfaits. Il n’eut peur ni de la prison ni de la décapitation. Il persévéra a être «  tout simplement » une voix qui résonne dans le désert et à travers chaque chose, même au travers d’oreilles bouchées. Jean Baptiste fut un vrai témoin, qui a indiqué avec persévérance la présence de l’Agneau de Dieu et scella cette indication en donnant sa vie. Celui-ci montre comment on doit témoigner, c’est-à-dire comment être des martyrs –  Il est un modèle pour tous les chrétiens (laïcs, religieux/ses, prêtres et évêques) –  comment être des missionnaires du Christ: personne ne doit s’annoncer soi-même, ni remplacer la Parole par des bavardages, nous devons tous être uniquement la voix de Celui qui grandit parmi nous, qui est toujours plus grand que nous.

    La Vierge Marie aussi attendait Dieu. Elle sait ce que l’ange lui a dit: « le Saint que tu portes sera appelé Fils du Très-Haut ; et son règne n’aura pas de fin » (Lc 1, 31 ss). Mais son attente n’est pas comme celle de Jean le Baptiste qui attendait « l’inimaginable », qui avançait avec le feu, la cognée et la pelle à vanner. Elle attendait un petit enfant. Mais pour une maman, un enfant qui est Dieu n’est-ce pas quelque chose d’inimaginable? Cet enfant ne viendra-t-il pas «  jeter un feu sur la terre »? Et une épée ne transpercera-t-elle pas le cœur de la mère? Mais la Vierge Marie attendit avec persévérance, l’accueillit en elle et donna à l’humanité (à chacun de nous) Quelqu’un de «  doux et humble de cœur », qui ne « fera pas entendre sa voix sur les places publiques et n’éteindra pas la mèche qui faiblit » (Mt 11, 29, 12, 19 s). Marie persévéra aussi dans sa marche aux côtés du Christ, de Nazareth où elle le conçut par œuvre du Saint Esprit, à Jérusalem où Jésus émit l’Esprit et recréa le monde.

    Notre Mère céleste est donc, pour nous, un modèle d’excellence, qui nous montre comment nous pouvons et devons témoigner.

    La fin des temps et les signes terribles qui l’indiquent nous épouvantent, non seulement parce qu’ils sont terrifiants mais aussi parce qu’ils nous annoncent la fin inexorable du monde.

    Que faire? «  Se convertir et faire pénitence » nous dit Jean le Baptiste. «  Porter le Christ en nous pour les autres » nous dit la mère de Dieu. Nous devons passer du « moi » au « tu », à Dieu. Passer d’un comportement stérile et égoïste à un comportement amoureux et fécond pour les autres, en suivant le Christ, l’Emmanuel avec nous et pour vous.

    3) L’exemple des vierges consacrées dans le monde

    Voici maintenant une brève réflexion sur comment les vierges consacrées dans le monde peuvent nous servir d’exemples pour suivre Jean Baptiste et la Vierge Marie.

    A l’école de saint Jean, ces femmes consacrées apprennent non pas à parler du Christ mais à l’indiquer en appliquant quotidiennement la phrase: « Je dois me faire petite si je veux qu’il grandisse ». Les vierges consacrées montrent que le Précurseur n’invite pas seulement à un style de vie sobre mais aussi à un changement intérieur, grâce auquel ont accueille la lumière de Celui qui est «  le plus grand » et s’est fait petit, le «  plus fort » et s’est fait faible.

    A l’école de Marie, les consacrées apprennent à vivre la virginité comme un désir intense, une vie féconde intense. Grâce à leur consécration, le miracle de la maternité virginal de la Mère de Dieu se reproduit.

    Voici comment l’Eglise décrit dans le Pontifical romain, pour la consécration des Vierges,(voir aussi prière de consécration des vierges n° 24) cette « race sainte » qui fleurit à partir de l’incarnation de Dieu et la grâce du baptême: « Tout en protégeant la bénédiction nuptiale, qui découle de l’état matrimonial, il doit y avoir des âmes plus nobles qui renoncent à la communauté physique de l’homme et de la femme, et tendent au mystère que le mariage contient pour donner tout leur amour au mystère indiqué par le mariage, en se consacrant à Celui qui est époux et fils de la virginité éternelle ».

    Mais nous avons là le grand mystère de l’Eglise: l’union entre «  divinité » et « humanité » dans le sein de la Vierge. C’est pourquoi l’Eglise bénit les vierges dans les prières de consécration en disant ceci: «  Que le créateur du ciel et de la terre vous bénisse, Lui qui a daigné vous choisir pour la communion avec la bienheureuse Marie, Mère de notre Seigneur Jésus-Christ ». Sa vie est tout simplement un modèle. « Que l’image, oui, de la virginité soit pour vous la vie de Marie, d’où se réfléchit, tel un miroir, la beauté de la chasteté et la règle de toute vertu » (Saint Ambroise, De Virginibus, II, 2, 6, PL 16, 108). Si l’Eglise veut rester ce qu’elle est, « la Vierge, qu’elle soit vierge » (Saint Augustin, Discours 1,8). Il doit y avoir ces « âmes nobles qui imitent dans leur corps ce qui se passa en Marie et anticipent ce que l’Eglise, sauvée, recevra dans la gloire.

    Traduction d’Océane Le Gall

     

    Lecture Patristique: saint Augustin d’Hippone

    Sermon sur le Psaume 95
: «Une terre nouvelle, où habitera la justice»

    Tous les arbres des forêts bondiront de joie devant la face du Seigneur, car il vient, car il vient pour juger la terre. Il est venu une première fois, et il viendra. ~ La première fois, sa parole a résonné dans l’Évangile : Désormais, vous verrez le Fils de l’homme venir sur les nuées. Pourquoi désormais? Est-ce que le Fils de l’homme ne viendra pas plus tard, lorsque se lamenteront toutes les tribus de la terre? Il est d’abord venu en la personne de ses prédicateurs et c’est ainsi qu’il a rempli toute la terre. Ne résistons pas au premier avènement si nous ne voulons pas redouter le second. ~

    Que doit donc faire le chrétien? User du monde, ne pas servir le monde. En quoi cela consiste-t-il? A posséder, comme si l’on ne possédait pas. C’est ce que dit saint Paul : D’ailleurs, frères, le temps est limité. Dès lors, que ceux qui ont une femme soient comme s’ils n’avaient pas de femme ; ceux qui pleurent, comme s’ils ne pleuraient pas, ceux qui se réjouissent, comme s’ils ne se réjouissaient pas, ceux qui font des achats, comme s’ils ne possédaient rien, ceux qui usent de ce monde, comme s’ils n’en usaient pas, car elle passe, la figure de ce monde. Je veux que vous soyez libres de tout souci. Celui qui est libre de tout souci attend avec sécurité la venue de son Seigneur. Car est-ce qu’on aime le Seigneur, lorsqu’on redoute sa venue? Mes frères, est-ce que nous n’avons pas honte? Nous aimons, et nous redoutons sa venue! Aimons-nous vraiment, ou est-ce nous n’aimons pas davantage nos péchés? Nous haïrons nos péchés eux-mêmes, et nous aimerons celui qui va venir pour punir les péchés. Il viendra, que nous le voulions ou non. Ce n’est pas parce qu’il ne vient pas maintenant qu’il ne viendra pas. Il viendra, et tu ne sais pas quand. Et s’il te trouve prêt, cela n’a pas d’inconvénient pour toi que tu ne le saches pas.

    Et tous les arbres des forêts bondiront de joie. Il est venu première fois, et il viendra pour juger la terre. Il trouvera bondissant de joie ceux qui ont cru à son premier avènement, car il vient. ~

    Il jugera le monde avec justice, et les peuples selon sa vérité. Quelle justice et quelle vérité? Il rassemblera auprès de lui ses élus pour le jugement, et les autres, il les séparera, car il mettra ceux-ci à sa droite, et ceux-là à sa gauche.

    Qu’y aura-t-il de plus juste, de plus vrai que cela: ils n’attendront pas du juge la miséricorde, ceux qui n’ont pas voulu exercer la miséricorde avant la venue du juge. Ceux qui ont voulu exercer la miséricorde seront jugés avec miséricorde. Car il dira à ceux qu’il aura mis à sa droite: Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume préparé pour vous depuis la création du monde. Et il leur attribue des actes de miséricorde : J’avais faim, et vous m’avez donné à manger, j’avais soif et vous m’avez donné à boire, et toute la suite.

    Ceux qu’il a placés à sa gauche, qu’est-ce qu’il leur reproche? De n’avoir pas voulu exercer la miséricorde. Et où iront-ils? Allez au feu éternel. Cette sentence funeste suscitera un grand gémissement. Mais que dit un autre psaume ? Jamais on n’oubliera le juste. Il ne craint pas une sentence funeste. Quelle est cette sentence funeste? Allez au feu éternel, préparé pour le démon et ses anges. Celui qui se réjouira d’une sentence favorable ne craindra pas une sentence funeste. ~ Voilà la justice, voilà la vérité.

    Parce que tu es injuste, le juge ne sera pas juste? Parce que tu es menteur, la vérité ne sera pas véridique? Mais si tu veux rencontrer un juge miséricordieux, sois miséricordieux avant qu’il vienne. Pardonne, si l’on t’a offensé. Donne les biens que tu possèdes en abondance. Et avec quoi donneras-tu, sinon avec ce que tu tiens de lui? Si tu donnais de ton bien, ce serait de la générosité. Puisque tu donnes ce que tu tiens de lui, c’est de la restitution. Que possèdes-tu que tu n’aies reçu ? Voilà les sacrifices qui sont très agréables à Dieu: miséricorde, humilité, reconnaissance, paix, charité. Si c’est cela que nous apportons, nous attendrons avec assurance l’avènement du juge, lui qui jugera le monde avec justice, et les peuples selon sa vérité.

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