• Exister de Robert NEUBURGER

     

    Exister de Robert NEUBURGERPayot - 4 janvier 2012 - ISBN : 9-782228-907095 - 156 pages

     Robert NEUBURGER, psychiatre, psychanalyste, thérapeute de couple et de famille  s'interroge dans ce nouvel ouvrage sur les bases et composantes du sentiment d'existence, ce qu'il advient quand ce dernier est attaqué, et les solutions pour reprendre VIE alternative à l'arsenal thérapeutique déployé pour soigner les dépressions qui résulte de la perte du sentiment d'existence.

    Le propos est accessible et permet de prendre du recul sur le sujet :

    • la construction du sentiment d'existence, fondée sur les relations interpersonnelles (dont il distingue 4 types : nourricière, d'autorité, fraternelle et amoureuse) et les relations d'appartenance à des groupes (avec là encore une typologie en 4 instances : groupes familiaux, fraternels, couple, idéologiques)
    • les conséquences des défauts de construction de ce sentiment, ou des attaques de ce dernier et les réactions qui peuvent en découler (avec deux options majeures, le désespoir ou l'autoréparation)
    • les apports d'une thérapie privilégiant la restauration de la dignité des sujets

    Quelques citations

    "Ce que j'entends par le sentiment d'exister consiste à être en accord avec la façon dont se déroule notre vie." (p. 11)

    "Ce que les médecins nomment 'dépression' est, selon moi, le fait de ne plus se sentir exister ou, tout au moins, de se sentir moins exister, ce qui se traduit par le sentiment de ne pas se percevoir d'avenir, de se trouver sans projet, hors du temps. [...] C'est la conséquence normale d'une attaque douloureuse contre quelque chose d'essentiel, cette construction qui nous occupe depuis l'enfance et qui consiste à nous faire exister, à nous conférer une dignité humaine, qui nous donne le droit et les raisons de vivre." (p. 15-16)

     

    "Le sentiment d'exister [...] est une construction destinée à échapper à l'angoisse fondamentale que suscite la consciende de notre mort inéluctable." (p. 19)

    "Il ne suffit donc pas d'entretenir des relations interpersonnelles pour se sentir exister, encore faut-il que ces relations se situent à l'intérieur de cercles d'appartenance qui les contiennent." (p. 32)

    "La fonction de la famille est de transmettre la capacité de transmettre." (p. 38)

    "Dans le couple, il y a deux amours, d'une part celui que l'on porte à son partenaire et que nous porte notre partenaire, et d'autre part celui que les deux partenaires portent au couple qu'ils ont construit, la petite institution que j'appelle  volontiers 'la maison couple'. C'est l'appartenance à la maison-couple qui donne cette sécurité, ce sentiment d'exister, complémentaire de celui conféré par le fait de se sentir aimé." (p. 43)

    "Une fois acquis, le sentiment d'exister confère une sécurité de base qui tient au fait que l'on se sent exister dans un espace et dans un temps." (p. 63)

    Les aléas de la vie "qui peuvent entraîner des vacillements de notre sentiment d'exister" : le désamour, le deuil, les problèmes d'appartenance, la solitude et la misère, mais également toutes les attaques à la personnes (atteintes morales, corporelles, agressions et autres violences, déshumanisations. (p. 68 et suiv.)

    "Une façon de se donner le sentiment d'exister ou de le réparer est de laisser des traces. [...] C'est ce qui explique la prolifération extraordinaire de livres, de Mémoires, de blogs, de productions de toutes sortes qui ont comme fonction de nous faire exister dans le regard des autres, de nous donner une place sociale reconnue. Toute création est séparation." (p. 91-92)

    "Ce que l'on appelle aujourd'hui 'une dépression' est une manière de contenir le sentiment de désespoir, qui consiste à ne plus percevoir un avenir, un but à notre existence, et ce, pour diverses raisons qui, si elles ne sont pas immédiatement perceptibles, n'en sont pas moins toujours présentes." (p. 133)

    "Le contraire de la dépression c'est la rage." (p. 135)

    "La plupart des 'déprimés' sont en réalité des sujets normaux confrontés ou ayant été confrontés à un contexte anormal. Le 'déprimé' est d'abord notre frère : il n'y a pas de destin programmé. Chacun peut, si les circonstances s'y prêtent, se relier à un sentiment dépressif en raison d'une remise en question de ce qui soutient son sentiment d'exister." (p. 148-149)

    "La finalité de la psychiatrie, si elle ne veut pas se transformer en psychiatrie vétérinaire, ce n'est pas la santé, mais la dignité. Elle vise à restaurer la dignité humaine, la capacité de choisir son destin, de réfléchir, de se confronter à ses angoisses existentielles. Dans cette perspective, toute pathologie est considérée à la fois comme une attaque de ce qui fait la dignité de l'homme et comme une tentative de parer à cette attaque. Car elle est aussi une solution, certes dysfonctionnelle, mais respectable en tant que telle puisqu'il s'agit par ce biais d'essayer de résoudre une question liée à l'existence." (p. 154)

    Marie-Aude


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