• ... choisis la vie

    2° intervention du père de Lachaux lors de la journée du 18 octobre 2014 :: Choisis la vie !

    Introduction aux 7 « Je me permets… »

    Nous nous sommes arrêtés ce matin sur ce magnifique appel de Dieu exprimé par Moïse au peuple de Dieu après 40 années de marche errante à travers le désert du Sinaï, et juste avant d’entrer dans la Terre Promise. Cet appel est un appel pressant à choisir la vie !

    Cet après-midi, nous allons nous tourner vers ce choix de la vie, ce vrai choix de la vie.

    Nous aussi, nous en sommes après des années de galère où on a subi, où on s’est laissé gagner par le découragement ou l’envie de mordre, et même quelquefois par la haine… mais on a aussi posé des actes de vie. J’en ai sélectionné 7 :

    ·         Je me permets de dire non…

    ·         Je me permets de m’émouvoir…

    ·         Je me permets de m’exprimer…

    ·         Je me permets de m’occuper de moi…

    ·         Je me permets de pardonner…

    ·         Je me permets de risquer…

    ·         Je me permets de prier…

    Chacun en choisit un. En petits groupes, nous dire :

    Comment nous nous sommes permis cela ?

    Pourquoi je dis que cela a déjà été un choix de vie ?

     

    Choisir la vie, c’est déjà quelque chose qui est en route pour chacun d’entre nous. Nous avons commencé à poser des actes qui le montrent.

    Mais il y a un choix à faire : celui de comprendre ce qui s’est passé et d’accepter la part de soi-même qui est en cause dans cette débâcle. Si je désire vivre, il faut que je sorte de la confusion et que je fasse la part de ce qui est en moi pulsion de mort et choix de vie.

    Souvent, il faudra sortir du  « victimisme » qui est une attitude défensive qui m’empêche de faire la lumière sur moi-même.

    Je vais avoir à prendre un chemin où je vais pouvoir petit à petit faire la vérité sur ces événements  et me libérer de cette histoire qui me tourne dans la tête comme une ronde infernale

    Quelques pistes pour le vivre

    D’abord, je ne peux pas faire ce chemin seul.

    Il me faut un ou des vis-à-vis pour m’aider à me sortir de moi-même

    Cela peut être une personne

    Cela peut être un groupe de parole. Sur ce point, on peut remarquer que les chrétiens ont des atouts puissants. En premier, ils savent se réunir. En second, ils ont un trésor, c’est la Parole de Dieu, une parole qui ouvre à la guérison…

    Pour certains, il y aura la nécessité, pour quelques temps, d’une aide psychologique.

    Pour tous, c’est un moment de grand questionnement spirituel, un moment où l’on se pose la question du sens de la vie, où la foi de son enfance refait surface, où on se surprend à en appeler à Dieu alors qu’on croyait que tout cela était de l’histoire ancienne… mais c’est aussi un moment où on se sent sale, où on arrête de pratiquer, de communier, où on prend de la distance avec le Dieu sécurité qu’on s’était construit. Dieu change de visage ou disparait !

    Mais il est certain que sortir de soi n’est pas simple quand on souffre ; on aurait plutôt envie de se cacher, ou de paraître… cf. témoignage sur Barbara.

    C’est un véritable chemin de libération

    Certains parlent d’un chemin de deuil… car il y a en effet à traverser une perte de quelque chose dans lequel on avait engagé tout son être pour repartir dans la vie. Il s’agit donc de mourir pour renaître. C’est une véritable démarche pascale. (Livre « aimer, perdre, grandir de Jean Monbourquette  aux  éditions Bayard)

    Voici le chemin.

    1° phase – Le choc, le déni.

    Le choc : Cette première étape se caractérise par une sorte de paralysie de l’émotivité et des facultés de perception.

    Le déni : La réalité de la perte est niée : « Il va revenir » - L’hyperactivité – La recherche d’un coupable – L’idéalisation de l’être perdu – La banalisation de l’événement.

    2° phase : l’expression des émotions

    Une émotion, c’est un sentiment irrationnel qui prend en nous le dessus et qui nous submerge… Il peut être très violent ou au contraire très paralysant. Cela peut-être de la colère, de la haine, une envie de vengeance. On peut citer aussi la culpabilité, un état dépressif, la peur, les pleurs, la honte, la lassitude…

    Ces émotions permettent d’exprimer des pulsions très profondes qui ont besoin de s’extérioriser. Elles sont passagères. Si on les refoule, elles se feront sentir d’autres façons. De toutes les façons, il faut qu’elles s’expriment.

    3° phase : la tristesse

    C’est cette souffrance qui est provoquée par une prise de conscience, celle de l’ampleur de la perte, une sorte de déchirure intérieure.

    Plus rien alors n’a d’importance. On a l’impression de mourir de chagrin. Cela s’accompagne souvent d’états dépressifs.

    C’est à partir de là qu’on peut accepter de baisser la garde et commencer à voir sa part dans cet échec.

    4° phase : Le sentiment de libération – le marchandage

    Je peux enfin vivre libre, faire ce que je veux.

    Je n’ai plus à avoir peur…

    Je peux recommencer à vivre, à sortir, à voir des amis, etc.

    Mais  c’est aussi souvent un moment qui s’accompagne d’une certaine culpabilité. On peut être tenté d’opérer un aller et retour incessant entre la séparation et l’attachement.

    Cela aboutit à la pleine conscience de la perte, et son acceptation. On réalise qu’il n’y a pas de retour possible C’est le moment de l’acceptation en profondeur. La cicatrisation va être possible. La personne peut parler de son divorce sans être submergée par l’émotion.

    5° phase : La découverte d’un sens à l’événement.

    C’est d’abord une prise de conscience sur soi-même. Bernadette prend conscience que c’est elle, parce que souvent abandonnée, qui en fait a fait partir son mari. Elle apprend peu à peu à vivre ce vertige et à en faire quelque chose de positif dans sa vie.

    C’est une découverte de soi, de ses capacités, de ses désirs.

    Le divorce et ses conséquences auront approfondi les raisons de vivre. Pour l’un cela peut être une découverte de la foi, pour un autre une volonté de s’engager pour une cause qui est devenue à cette occasion importante, etc. Ce deuil ouvre de nouvelles possibilités positives.

    6° phase : les pardons.

    Accorder son pardon – demander pardon.

    Pour cela, il est utile de procéder à quelques réflexions de base.

    - Le pardon n’est pas d’abord une question d’altruisme ou de rectitude morale, mais un choix d’une nécessité impérieuse pour moi-même : « J’ai besoin de me libérer de cette histoire qui tourne indéfiniment dans ma tête et qui m’enchaine et gangrène mes jours et mes nuits. » Donc le pardon est d’abord mon affaire. Il ne faut pas que j’attende qu’il ou qu’elle reconnaisse ses torts, le mal fait, etc. Il ne faut pas que j’attende que le désir de  pardon soit réciproque…

    - Le pardon ne peut pas être envisagé à n’importe quel moment. Il faut déjà être avancé dans le chemin de deuil. Car il n’y a pas de pardon sans vérité. La période du divorce et des procédures n’est pas propice à cette démarche. C’est la période non du pardon, mais du respect ! Dans ces périodes là ce serait irréel et même nocif…

    - Pardonner est souvent impossible. A vue humaine… il faut que ce soit bien clair. C’est pourquoi le Christ nous invite à une prise de conscience : Plutôt que de nous fixer sur le pardon que nous avons à donner, fixons-nous sur celui que nous avons à recevoir : La paille et la poutre (Mt.7/1-5) – La parabole du débiteur impitoyable (Mt.18/21-35). Nous avons beaucoup plus à nous faire pardonner qu’à pardonner…

    - Regarde Dieu. Le pardon est au cœur de Dieu. La parabole du fils perdu et retrouvé (Luc 15/11ss.)

    - Alors si tu veux prendre un chemin de vie, rentre dans un processus de pardon, même par une toute petite porte : Le confier dans ma prière,  « Père pardonne-leur… » Et le pardon te sera donné un jour comme un cadeau.

    Le pardon est essentiel car nous sommes créés à l’image de Dieu qui se révèle comme « relation ». Toute rupture de relation atteint Dieu dans son essentiel.

    Alors, choisir la vie ?

    C’est à ces moments-là qu’on se rend compte que, dans son existence, on n’a en fait jamais choisi de vivre. On vit sur la lancée… Il faut qu’il y ait une épreuve énorme… la perte d’un enfant, une maladie grave, un divorce, etc. pour être acculé à ce choix. C’est d’ailleurs la même chose qu’on constate souvent au niveau de la foi…

    Personne ne peut faire ce choix à la place d’un autre, même pas Dieu.

    Dans de nombreux passages de l’Evangile, Jésus renvoie chacun à lui-même.

    Par exemple :

    - l’aveugle de Bartimée Luc 16/35-43 – « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » – « Que je voie » – « Retrouve la vue, ta foi t’a sauvé ! »

    - C’est le problème du fils ainé de la parabole de l’enfant prodigue (Luc 15/11-32) Il n’a en fait aucun désir de vie. Il ne s’est pas construit à partir de ses ressources profondes, mais à partir du modèle de fils ainé idéal qu’il s’est forgé. Au retour du cadet qui a dilapidé l’héritage en toute inconscience et pour lequel le Père fait la fête, tout s’écroule. Et c’est là que la rivalité éclate. Alors le père essaye avec tendresse de le ramener au choix de vie, à son être profond, lui qui n’a jamais osé demander un chevreau… « Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi ; et tout ce qui est à moi est à toi » Mais c’est à toi qu’il appartient de choisir la vie, d’entrer dans la communion, le partage…

    Il y a beaucoup d’autres passages d’Evangile dans ce sens : Marthe et Marie, L’infirme de Bethasda etc. Un jour, il faut choisir de vivre !

    Pour Jésus, ce choix ne peut pas attendre. Il est urgent !

    C’est pour cela qu’il guérit, même le jour du sabbat… au risque de sa vie.

    L’infirme de Bethasda, cela fait 38 ans. La femme courbée, ça fait 18 ans, L’aveugle de naissance, c’est depuis toujours. Tous auraient pu attendre encore un jour de plus. Mais pour Jésus, le oui à la vie ne peut pas attendre. Si tu attends les conditions optimum pour te mettre en route, tu pourras attendre longtemps. C’est aujourd’hui et maintenant que tu as à entamer ce chemin pour choisir la vie !


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