• Avec Marie-Laurence et Thierry, nous avons participé hier (22/11/2014) à la journée, organisée par la pastorale des familles du diocèse de Reims, temps de prières final excepté.

    Journée Les enfants face au divorce de leurs parents (22/11/2014 - Reims)Au menu : 

         - Café et brioche d’accueil, bienvenu après la route

       - Temps de carrefour, en 3 groupes, où nous avons chacun rejoint une salle pour échanger sur le plan de la conférence du père Jean-Marie Petitclerc (avec synthèse des remontées dont votre serviteur Marc pourra vous communiquer les fruits car son ordinateur fut précieux)

         - Repas partagé

         - Conférence du père Petitclerc, avec une petite pause pour que chacun puisse anonymement porter des questions par écrit puis ses réponses aux dites questions

    Temps de carrefour

    Marie-Laurence, Thierry et moi-même sommes chacun allés dans un groupe différent.

    Nous étions invités à dire ce qui nous posait le plus question au regard des thèmes listés ci-après :

    Journée Les enfants face au divorce de leurs parents (22/11/2014 - Reims)

     

    Nous étions 7 dans mon groupe :

    ·         2 hommes, animateurs de la pastorale des familles en direction des séparés, divorcés, remariés, parents ou proches de personnes traversant ces situations douloureuses

    ·         5 femmes, 4 ayant vécu récemment une séparation et 1 venue de Troyes car intéressée à double titre, de par son métier d’assistante sociale à la CAF et parce qu’elle était touchée par la problématique dans son entourage proche (sa présence a été très enrichissante)

    Nous avons principalement fait de l’écoute et du partage d’expérience sur les façons de communiquer au plus juste avec les enfants et petits-enfants concernés, bien qu’il semble que les petits-enfants restent moins affectés et que notamment dans les cas de réengagements les choses puissent être pour eux plus naturelle. Nous nous sommes également interrogés sur le conflit de loyauté, notamment en fonction de l’âge des enfants au moment de la séparation, des conditions du divorce et de son annonce, l’évolution au fil du temps …

    J’ai été marqué, comme Martine, l’assistante sociale avec qui nous avons poursuivi l’échange pendant l’apéritif par la culpabilité qui restaient à vif chez les 3 autres femmes dont la séparation / le divorce restait frais.

    Thierry pourra vous communiquer la synthèse des ateliers du matin, réalisée par les secrétaires de séance pendant que nous échangions tranquillement autour d’un apéritif. C’est par sa présentation qu’a débuté l’après-midi, permettant de lancer, après un rappel succinct du parcours de Jean-Marie Petitclerc, sa conférence.

    Conférence du père Jean-Marie Petitclerc

    En introduction, comme en conclusion d’ailleurs, soucieux de ne blesser personne, le père a rappelé la singularité de chaque situation et la souffrance sous-jacente. Il a demandé pardon pour toute parole qui serait maladroite, et nous a invités à réagir en tant que de besoin. Par ailleurs, au cours de l’exposé, il n’a pas hésité à prendre des exemples dans un autre cadre qu’il connaît bien également, l’éducation des enfants volet éducation nationale afin de dépassionner le débat.

    Il a débuté en nous présentant la philosophie de son association Valdocco, fondée en 1995 à Argenteuil (95) et qui vise à rejoindre l’enfant dans ses 3 champs de vie (famille, école et cité). Pour se faire, un soutien à la parentalité est organisé, basé sur des groupes de paroles et des services de médiation familiale. Cet appui se base sur 3 grandes étapes : communiquer / gérer (la situation) / accompagner l’après. Ce sont ces grandes étapes, dans le cadre d’un divorce, sur lesquels Jean-Marie Petitclerc est ensuite revenu de manière plus détaillée.

    Le divorce, s’il est un tsunami dans la vie des parents comme nous l’avons vu lors de notre rencontre avec le père Guy Delachaux, est également un ouragan pour un enfant. L’éclatement de la cellule familiale constitue pour lui un véritable traumatisme.

    C’est pourquoi il importe de ne jamais banaliser le divorce, même si son occurrence augmente dans la société. Il faut aussi et surtout veiller à rassurer l’enfant : si ses parents ne s’aiment plus, le lien parent – enfant est lui un lien d’éternité.

    Journée Les enfants face au divorce de leurs parents (22/11/2014 - Reims)

     

    Communiquer : une nécessité

    Il est primordial de parler du conflit pour ne pas culpabiliser l’enfant, mais ces échanges doivent respecter la place de chacun (adulte versus enfants).

    Il ne faut pas instrumentaliser l’enfant dans le conflit, qui est un conflit d’adulte.

    Il importe de respecter l’intimité du couple et de ne pas y mêler l’enfant, ce qui est parfois plus facile en présence d’un tiers.

    Gérer le divorce

    Il ne faut jamais placer l’enfant dans un conflit de loyauté. Au contraire, il faut sauver la place de parent de l’autre, se réjouir des moments partagés par l’enfant avec l’autre parent.

    Il ne faut pas attendre que l’enfant dise du mal d’un parent pour se faire aimer de l’autre.

    Sécuriser l’enfant

    La priorité reste de sécuriser l’enfant :

    ·         la séparation ne change rien dans la relation parent-enfant

    ·         les enfants restent le fruit de l’amour des deux parents

    et de lui permettre de rester enfant.

    Responsabiliser l’enfant

    Il faut croire en l’intelligence, c’est-à-dire en la capacité d’adaptation à de nouvelles situations.

    Journée Les enfants face au divorce de leurs parents (22/11/2014 - Reims)

     

    Être juge, c’est être équitable, pas forcément égal. Les magistrats doivent toujours s’interroger pour savoir ce qui est bon pour l’enfant.

    La garde alternée n’est pas forcément la panacée car elle nécessite une communication pour qu’il y ait harmonie sur les règles de vie au quotidien.

    Il faut veiller à maintenir la communication au moment et après le divorce entre les deux parents. En effet, il est important de rester partenaires pour l’éducation de nos enfants, au risque de mener ces derniers à des conduites à risque afin d’obtenir de nous réunir (maladie, acte de violence).

                    Eg. Un enfant de 15 ans du foyer de Normandie commet un acte de violence grave dans le cadre d’un braquage raté. Cela ne colle pas du tout avec ce que le père Petitclerc connaît de l’enfant. Ce n’est qu’en voyant son sourire épanoui et sa décontraction une fois assis entre ces parents dans le bureau du juge qu’il comprend que l’enfant a fait tout ça pour voir ses parents réunis.

    Accompagner l’après

    Le ré-engagement des parents

    Il faut imposer le respect. Permettre à l’enfant d’exprimer son ressenti et ses difficultés, être à l’écoute. Pour cela, il est primordial de prendre du temps, en dehors du nouveau conjoint, pour échanger avec ses enfants :

    ·         pour faire tomber le cas échéant les obstacles qui n’en sont pas

    ·         en sachant respecter l’enfant

    La présence d’un tiers de confiance (parrain, marraine, oncle, tante …) est importante également à cette étape.

    Quant au nouveau partenaire, il doit s’inspirer des conseils donnés par le renard au Petit Prince :

    1.       ne pas se rapprocher trop vite

    2.       être présent, rapidement, pour que les enfants comprennent qu’ils peuvent compter sur nous

    3.       trouver la bonne distance

    Avec les enfants de l’autre, le couple devient garant du vivre ensemble. Les règles doivent être définies conjointement entre les deux adultes et imposées.

    Le bien-vivre ensemble est important entre les enfants issus des deux fratries mais il ne se décrète pas.

    Il ne faut pas mésestimer le risque de trahison que peut ressentir un enfant par rapport à son frère / sa sœur absent(e) s’il partage de bons moments avec les autres enfants. Cela doit là encore faire l’objet de vigilance et d’accompagnement.

    Il faut être vrai, c’est-à-dire accepter la singularité de chacun. Les enfants de l’autre ne seront jamais comme les nôtres (on est dans de la construction pas dans une relation d’éternité).

    De manière générale, on n’éduque jamais pareil un enfant. Si les principes et les valeurs restent identiques, la relation elle est différente et singulière. Les enfants sont aimés autant, mais de façon différente.

                    Eg. Un enfant valide prend 5 minutes pour faire ses lacets, son frère handicapé 30 minutes. Le temps d’attention et de présence des enfants à leurs côtés doit donc être différent et proportionné.

    L’éducation religieuse

    Le divorce peut conduire à une crise de la foi pour l’enfant ou l’adolescent concerné. Certains enfants ont tellement prié pour que leurs parents s’aiment toujours qu’ils rejettent complètement Dieu.

    Il faut là encore accepter cette crise puis aider l’enfant à cheminer.

    La première relation du bébé avec le monde est la « toute puissance ». Il faut donc que les parents rassurent puis cadrent. Le monde ne doit pas tourner autour de la satisfaction de ses besoins.

    Parfois les enfants se construisent une image de Dieu en négatif de toutes leurs limites et ils appellent Dieu au secours quand ils sont en difficulté. Dieu ne serait que l’instrument de leur volonté. La perspective doit être inversé afin qu’ils grandissent.

    Pour ces enfants, lors de leur première épreuve (deuil, divorce …), ils découvrent que cette image de Dieu ne fonctionne pas, ce qui est également un vrai bouleversement.

    Le Dieu de Jésus-Christ (le bébé de la crèche et le crucifié du calvaire) accompagne l’homme sur son douloureux chemin d’acceptation de la non toute-puissance.

    Il faut témoigner de Dieu miséricordieux, qui croit toujours en l’à-venir, en eux. Et qui est toujours avec eux, même au jour les plus sombres, quand il n’y a plus qu’une paire de trace de pas sur le sable et pas deux, quand Dieu nous porte dans ses bras.

    Là encore, il faut accueillir l’enfant, être à l’écoute de son ressenti et de son émotion.

    Il faut poser la différence entre le pardon et l’oubli. Le pardon c’est conserver les choses en mémoire mais ouvrir l’avenir

    Il faut aussi veiller à éviter de poser des étiquettes sur les gens : « tu as menti mais tu n’es pas un menteur. »

    Questions – réponses

    Je n’ai pas pu prendre en note les questions, car Jean-Marie Petitclerc ne les a pas lu intégralement avant de développer les différents thèmes ci-après.

    Faire le deuil

    Faire le deuil c’est passé du souvenir (passé) à la mémoire (qui va vers l’avenir) en faisant mémoire des beaux moments.

    Cohérence

    L’exigence de cohérence peut respecter la différence. Ce qui est important, c’est d’éviter de mettre l’enfant dans une situation où ce qui est bien pour le papa est mal pour la maman (ou vice versa).

    Il faut argumenter son choix sans porter de jugement sur les décisions autres. Il est important :

    ·         de ne pas porter de jugement de valeur sur l’autre parent

    ·         de dépasser le conflit par l’humour

    ·         d’aider l’enfant à se faire son opinion

    Quand le dialogue n’est plus possible (autre parent manipulateur …)

    Attention aux étiquettes. Les personnes peuvent changer, les relations sont susceptibles d’évolution.

    La règle fondamentale du dialogue est que chacun ne peut être remis en cause que par quelqu’un qui exprime pour lui de l’empathie.

    Il faut savoir dépasser le conflit de couple pour fonder une alliance comme parents pour le bien des enfants, toujours se recentrer sur eux lorsque des décisions sont nécessaires, et accepter des compromis pour eux.

    Éduquer, c’est faire sortir l’enfant du processus de toute puissance

    Il faut lui apprendre que ce n’est pas son ego qui domine.

    « Je te dis non, parce que je t’aime et que tu as du prix à mes yeux. »

    Cette conjugaison de l’amour et de la loi est fondamentale :

    ·         il n’y a pas d’amour sans loi, c’est-à-dire de respect de l’altérité de l’autre

    ·         et il n’y a pas non plus de loi sans amour

    C’est toute l’aberration de la mauvaise traduction du « Aime et fais ce que tu veux » de Saint Augustin. Qui a justifié les buchers des inquisiteurs. On aimait tellement les hérétiques que pour leur éviter de brûler en enfer ad vitam aeternam on les faisait griller un peu pour qu’ils puissent, avant de mourir, se convertir.

    C’est quand je sanctionne que je dois manifester le plus d’amour.

    L’enfant ne doit pas croire qu’être aimé c’est avoir un OUI à tout.

    L’enfant-médicament

    L’enfant de la tentative de la réconciliation est toujours un « mauvais plan ».

    Dès lors qu’il y a un autre enjeu que l’accueil de l’enfant (e.g. l’enfant réparateur), il y a danger.

    La mission d’un enfant ne doit pas être autre que celle de l’ouverture de la vie ?

    L’enfant ne peut pas être un confident de l’un ou l’autre des parents

    La maman ne peut pas jouer tous les rôles. Etre témoin d’amour et de loi est compliqué pour une seule est même personne : il faut fixer les règles et consoler ensuite à la foi. C’est difficile.

    Il est important de s’appuyer sur un parrain, un oncle, un chef scout …

    « Il faut tout un village pour éduquer un enfant. » comme dit le proverbe africain. Il faut donc s’appuyer sur des relais.

    Enfant et éducation religieuse

    On ne peut pas inscrire l’enfant dans un conflit de loyauté en inscrivant l’enfant d’office à une activité non cautionnée par l’autre parent.

    L’enfant peut risquer de se faire exclure de cette activité pour être loyal aux deux parents.

    Importance de l’appel aux tiers

    La relation duelle est toujours potentiellement dangereuse.

    La médiation est importante : 3 c’est beaucoup mieux que 2.

    Les témoins du mariage par exemple doivent s’autoriser à venir rappeler au couple ce jour du mariage quand les difficultés apparaissent.

    La médiation arrive toujours après, jamais avant.

    Séparation de la fratrie dans un divorce

    La distance n’a pas les moyens de couper la force du lien frère – sœur.

    Il faut éviter que le conflit parental devienne u conflit entre les enfants.

    Dans la mesure du possible, il faut permettre que la fratrie soit réunie pour des occasions, y compris quand cela ne cadre pas avec le cadre du jugement en vigueur.

    Pour aller plus loin

    Vous trouverez ci-dessous la bibliographie qui nous a été remise :

    Journée Les enfants face au divorce de leurs parents (22/11/2014 - Reims)

    Vous pouvez également commander à CDCE le n° 65 de juin 2011 consacré à cette thématique :

    Journée Les enfants face au divorce de leurs parents (22/11/2014 - Reims)

    Marie-Aude


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